PROSTITUTION DE 1789 À 1949
La traite des Blanches et la prostitution : un même combat
L’entre-deux-guerres est marqué par la lutte concomitante contre le French system et la traite des Blanches ; celle-ci s’accentue avec la fondation, en 1926, par la féministe française Marcelle Legrand-Falco de l’Union temporaire contre la prostitution réglementée et la traite des femmes. Puis, en 1927, la publication par le journaliste français Albert Londres de l’ouvrage Le Chemin de Buenos Aires démontre et condamne la logique financière de la traite des Blanches, l’acceptation tacite de tous et l’existence de filières entre l’Europe et le continent américain. Mais l’anti-réglementarisme, lui, remporte peu de victoires (le réglementarisme est supprimé en 1935 par l’Espagne républicaine, mais rétabli par Franco). Néanmoins, le système français connaît un certain déclin (désaffection de la clientèle, déplacement des lieux de rencontre, aide aux prostituées victimisées, avec, par exemple, la fondation, en France, du Nid en 1937).
Durant la Seconde Guerre mondiale, le réglementarisme est, au contraire, conforté. Le haut commandement de l’armée de terre allemande ordonne la création de maisons closes dans l’Europe occupée, réservées aux soldats de la Wehrmacht, et s’oppose à la « prostitution sauvage » (arrestation, fichage, voire déportation), à des fins surtout sanitaires. Mise en place en France dès juillet 1940, cette politique reçoit l’appui du régime de Vichy, qui accentue la répression des prostituées clandestines et celle des proxénètes (lourdes peines, Service du travail obligatoire, déportations à partir de 1943).
Toutefois, l’immédiat après-guerre sonne la fin du système réglementariste en Europe, à de rares exceptions près (Espagne en 1956, Italie en 1958). En France métropolitaine, les maisons closes, souvent déconsidérées parce que les tenancières ont collaboré avec l’ennemi, sont fermées en avril 1946, à la suite de la promulgation de la loi Marthe Richard, du nom d’une ancienne prostituée devenue conseillère municipale de Paris qui a mené campagne pour la fermeture de ces établissements.
Enfin, en 1949, les Nations unies, dans la Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui, déclarent que « la prostitution et le mal qui l’accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne humaine ». Toutefois, tous les États membres ne ratifient pas immédiatement ce texte : la France ne le fera qu’en 1960.
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Écrit par
- Yannick RIPA : professeure des Universités
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Médias