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PROTECTION DE LA NATURE Restauration écologique

Dans les contextes démographique et économique actuels, la seule conservation des ressources naturelles n'est plus suffisante pour assurer le minimum de biens et de services nécessaires aux hommes. En effet, l'état du capital naturel au niveau mondial est déjà trop dégradé pour continuer à soutenir la plupart des systèmes économiques à grande échelle. L'accroissement démographique et l'exacerbation de la précarité entraînent une exploitation accrue et non durable des biens et des services offerts par la nature. Les pressions exercées sur les écosystèmes créent un déséquilibre entre la demande et la production de ces biens et de ces services, provoquant ainsi la désertification et la dégradation des écosystèmes ainsi que l'érosion et la perte de la biodiversité.

La restauration écologique des écosystèmes dégradés est devenue une nécessité. Mais celle-ci reste vaine si elle n'est pas accompagnée de la mise en place de systèmes d'exploitation durables et d'une modification profonde de nos modes de consommation et de gestion des ressources. C'est ce qui s'est passé, par exemple, avec le vaste et coûteux projet de « barrages verts » en Algérie, programme de reforestation mis en place durant les années 1970 pour « stopper » la désertification. Ne s'appuyant pas sur un modèle écologique ou socio-économique, celui-ci a échoué spectaculairement.

La notion de restauration n'est pas nouvelle. En France, à la fin du xixe siècle, de grands projets de ce type ont été entrepris (Vallauri et al., 2002). Appelés « restauration des terrains en montagne » (R.T.M.), leur but principal, qui était de combattre la déforestation et l'érosion, a été globalement atteint, mais les notions de base étaient très rudimentaires et la vision à long terme inexistante. Ces initiatives de restauration, qui manquaient de concepts modernes, tel un écosystème de référence ou l'importance des espèces autochtones, ont pourtant permis d'établir, au cours du xxe siècle, les fondements de la science et de la pratique de la restauration écologique.

Définition et concepts

Au sens strict, la restauration écologique a été définie par la Society for Ecological Restoration International (S.E.R., 2002) comme « le processus d'assister l'auto-régénération des écosystèmes qui ont été dégradés, endommagés ou détruits ». Il s'agit donc d'une activité intentionnelle qui initie ou accélère le rétablissement d'un écosystème antérieur (ancien ou récent) par rapport à sa composition spécifique, sa structure communautaire, son fonctionnement écologique, la capacité de l'environnement physique à supporter son biote (ensemble des organismes vivants) et sa connectivité avec le paysage ambiant. Cela suppose et nécessite une bonne connaissance de l'écologie fonctionnelle et évolutive des écosystèmes ciblés, de l'histoire de la dégradation anthropique (due à l'homme) et, enfin, du choix d'un écosystème de référence pour guider la planification, la réalisation, le suivi et l'évaluation du projet de restauration (White et Walker, 1997 ; Egan et Howell, 2001).

La projection selon une trajectoire intentionnelle d'un écosystème vers le futur est nécessairement une probabilité plutôt qu'une certitude, mais elle améliore la chance qu'un écosystème restauré soit plus résistant et viable qu'un écosystème délaissé et abandonné ou un système « construit » qui aura été assemblé sans modèle de référence. La trajectoire sert de fondement à des objectifs de restauration ainsi qu'au développement d'un modèle de référence, suivant les réalités contemporaines. De ce point de vue, la restauration écologique est une tentative globale qui s'efforce d'embrasser les réalités et les tendances à la fois culturelles et environnementales, dans une perspective écologique[...]

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Écrit par

  • : docteur ès sciences, chercheur au Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive, C.N.R.S., Montpellier

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