PROTECTION DE LA NATURE Restauration écologique
Une gestion globale
Contrairement à la réaffectation, la restauration et la réhabilitation d'écosystèmes dégradés permettent d'augmenter le capital naturel renouvelable et cultivé, et les biens et services écologiques rendus à l'homme aux niveaux des communautés, des écosystèmes et des paysages. Selon les écologues, le paysage est un « assemblage d'écosystèmes qui interagissent de manière à ce qu'ils déterminent des patrons spatiaux qui se répètent et soient reconnaissables » (Forman & Godron, 1986). Selon cette définition, qui vient s'ajouter à celles des historiens de l'art et des géographes, le paysage constitue l'échelon environnemental et écologique au-dessus de celui de l'écosystème.
Le capital naturel, concept élaboré à la fin des années 1970, est constitué de l'ensemble des écosystèmes naturels desquels les hommes dérivent des services (séquestration du carbone, recyclage des déchets, épuration naturelle des eaux...) et des produits (bois, fourrage, aliments...) qui améliorent leur bien-être sans coût direct de production (Daly et Farley 2004). On en distingue quatre types :
– le capital naturel renouvelable (espèces vivantes, écosystèmes) ;
– le capital naturel non renouvelable (pétrole, charbon, diamants...) ;
– le capital naturel récupérable (atmosphère, eau potable, sols fertiles) ;
– le capital naturel cultivé (dérivé de l'agriculture et de la sylviculture).
La prise en considération du capital naturel et des biens et services environnementaux qui lui sont associés permet ainsi de traiter simultanément des problèmes écologiques et socioéconomiques dans les prises de décision qui visent la conservation, voire la restauration, des sites, des écosystèmes et/ou de la biodiversité. Il met en évidence le rôle limitant des ressources et des écosystèmes naturels dans le développement socioéconomique des populations et des nations. Cependant, malgré la promotion de ces termes et approches clés pour la gestion durable des ressources, l'évaluation des bénéfices et des financements nécessaires pour valoriser les efforts de conservation du capital naturel reste un défi à relever.
La restauration écologique vise donc à assurer la résilience des écosystèmes et le flux des biens et services qu'ils rendent à la biosphère, c'est-à-dire à l'ensemble des êtres vivants.
En s'appuyant sur la capacité d'auto-organisation et de restauration autogène, la restauration écologique peut être partiellement passive. En effet, dans le meilleur des cas, elle s'intègre dans une plus large entreprise, en liaison avec des projets concernant l'usage durable des ressources naturelles, la conservation et la protection des milieux (par exemple, la protection de la couverture végétale des bassins versants en amont d'un fleuve et d'une ville) et de la biodiversité. Les systèmes de production – sur des unités paysagères vouées à une réaffectation – participent également à l'entretien durable d'un paysage géré consciemment. Des économies et synergies peuvent être réalisées grâce à une coordination consciencieuse entre les activités de restauration et les autres aspects ou volets d'un programme de gestion plus large. Et, dans ce contexte, une approche globale de la restauration écologique convient le mieux, en faisant se rejoindre le regard écologue et conservationniste et une vision plus anthropocentrique, socio-économique (Clewell et Aronson, 2007). L'écologue américain D.H. Janzen (1998) a même fait appel à la notion d'une « jardinification » consciente de la planète, comprenant des zones de protection de la nature « sauvage », dans la perspective d'une empreinte écologique grandissante de l'homme et de la nécessité d'assumer notre responsabilité en tant qu'espèce dominante et,[...]
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Écrit par
- James ARONSON : docteur ès sciences, chercheur au Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive, C.N.R.S., Montpellier
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