JACQUES PROTÉVANGILE DE
L'ouvrage apocryphe auquel Guillaume Postel, en 1552, voulait donner le titre de Protévangile de Jacques est plutôt un Livre de Jacques, comme le dit Origène, ou, mieux, une Histoire de la nativité de Marie, ainsi que l'appellent beaucoup de manuscrits.
Son auteur se présente comme étant Jacques, le frère du Seigneur, et se dit le témoin des faits rapportés. Le texte raconte naïvement les années d'enfance de Marie, depuis son « annonciation » jusqu'à son mariage, et, ensuite, les événements de la conception, de la naissance et de l'enfance de Jésus. Ces deux récits semblent avoir eu une existence indépendante dès le iie siècle, selon une forme connue de Justin (Dialogue avec Tryphon, C, 5), de Clément d'Alexandrie (Stromates, VII, 93) et d'Origène (In Matthaeum, X, 17). Les deux éléments — Vie de Marie et Enfance de Jésus — ont été réunis l'un à l'autre, puis liés à une troisième partie (xxii-xxiv), qui raconte la mort de Zacharie, père de Jean-Baptiste. Pendant longtemps, on a pensé que cette compilation n'avait été faite qu'au ve siècle (les très nombreux manuscrits grecs et les manuscrits des versions syriaque, copte, arabe, arménienne et éthiopienne n'apportaient eux-mêmes aucun témoignage antérieur au ixe siècle). C'est encore la position des deux éditions et traductions (très bonnes d'ailleurs) dues à E. Amann (Le Protévangile de Jacques et ses remaniements latins, Paris, 1910) et à C. Michel (« Le Protévangile de Jacques », in Évangiles apocryphes, Paris, 1911). Mais la publication par M. Testuz du Papyrus Bodmer V. Nativité de Marie (Cologny-Genève, 1958) a complètement modifié les vues classiques ; le papyrus, en effet, est daté du iiie siècle et contient le texte complet. Cette publication est désormais la base de toutes les études.
Le but du livre est la glorification de Marie. Enfant du miracle, élevée dans le Temple, nourrie par les anges, elle est protégée par Joseph, gardien de sa virginité. Par là, l'influence du livre a été considérable sur l'iconographie des Églises d'Orient : rencontre de Joachim et d'Anne, naissance de Marie, présentation au temple, mariage de la Vierge, etc., mais aussi sur la liturgie et sur la littérature religieuse. Elle fut aussi forte dans les Églises d'Occident et s'y exerça au travers de remaniements latins, dont certains furent condamnés par le « décret de Gélase » (vie s.), tandis que d'autres s'imposèrent, tels l'Évangile du pseudo-Matthieu et l'Évangile de la nativité de Marie, qui ont joui d'une grande faveur au Moyen Âge.
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Écrit par
- Jean HADOT : professeur à l'Université libre de Bruxelles
Classification
Autres références
-
PRÉSENTATION DE MARIE AU TEMPLE
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 107 mots