KYŌTO PROTOCOLE DE (déc. 1997)
Une entrée en vigueur retardée
Pour entrer en vigueur, le protocole de Kyōto devait être ratifié par au moins cinquante-cinq pays représentant 55 p. 100 des émissions mondiales de G.E.S. Or les trois pays les plus pollueurs en CO2, les États-Unis, la Chine et la Russie, refusaient d'adhérer à cet enjeu majeur pour la planète. La Chine, considérée comme un pays émergent, était, comme le Brésil et l'Inde, dispensée de réduire ses émissions de G.E.S.
Dès 1998, la réunion de Buenos Aires se concluait sur une note désenchantée, et celles qui suivirent ne permirent pas d'avancées concrètes.
À la fin de 2004 cependant, après une valse-hésitation de plusieurs années, la Russie est venue rejoindre, sur décision de Vladimir Poutine, la coalition des pays en lutte contre le réchauffement climatique. L'accord international est ainsi entré en vigueur le 16 février 2005. L'adhésion russe a été très largement saluée dans le monde, isolant les États-Unis, qui ont toujours vu le protocole de Kyōto comme un accord aussi ruineux qu'inutile.
Le 4 juillet 2005, lors du G8, sommet annuel des pays les plus industrialisés, le problème du réchauffement climatique est de nouveau abordé. Les preuves et les démonstrations des scientifiques se sont accumulées, et Tony Blair – allié privilégié de George Bush – essaie de convaincre les États-Unis de revoir leur politique en matière de pollution.
La « riposte » est rapide : le jeudi 28 juillet 2005, les États-Unis, la Chine (deuxième pays pollueur du monde et en forte expansion industrielle), l'Inde, l'Australie et la Corée du Sud concluent un accord sur le climat. Il ne s'agit pas ici de fixer des limites, comme le prévoit le protocole de Kyōto, aux émissions de G.E.S. L'objectif, très médiatisé, est de « mettre des moyens techniques et financiers en commun pour développer des énergies plus propres » (la principale énergie en Chine est le charbon). Ce partenariat, dont les six membres représentent près de la moitié des émissions mondiales de CO2, laisse les scientifiques et les observateurs perplexes : ne vise-t-il pas à affaiblir le protocole de Kyōto ?
Sur la route de Kyōto... le temps semble encore loin où ceux qui prennent les décisions sauront s'affranchir de considérations à court terme et reconnaître qu'il s'agit là d'un défi majeur pour, entre autres, l'espèce humaine.
Le protocole de Kyōto est un petit pas pour enrayer le réchauffement climatique, un grand bond dans la prise de conscience du problème.
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Écrit par
- Yves GAUTIER
: docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection
La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015
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