PROVENCE, histoire
Le nom de Provence s'est appliqué à des territoires d'étendue variable. Ce fut à l'origine la partie la plus précocement conquise et romanisée de la Gaule. Ce fut aussi, dans le langage des troubadours, toute l'aire linguistique qu'on devait appeler ensuite pays de langue d'oc, France du Midi, ou, plus récemment, Occitanie. On trouve encore parfois des tendances à donner ainsi à cette appellation une acception culturelle et, par suite, une extension géographique large. Toutefois l'histoire politique a fixé de plus en plus précisément, du haut Moyen Âge à la Révolution française, le nom de Provence au pays compris entre la Méditerranée, le cours inférieur du Rhône, les monts de Vaucluse et de Lure, le cours supérieur de la Durance et le cours du Var. Ce comté, avec Aix pour capitale, mouvant théoriquement du Saint Empire, eut à peu près trois siècles d'indépendance effective avant d'être « uni » à la France (1481), puis de devenir une province du royaume. Depuis la Révolution, ce n'était plus qu'une entité géographique, tiraillée entre la croissance de la Côte d'Azur et celle de la puissante région industrielle de Marseille, lorsqu'on la rétablit, dans les années 1960, comme « région de programme ». L'originalité du tempérament politique s'y est longtemps maintenue. Mais aujourd'hui la tradition méridionale doit composer avec une ouverture et un brassage d'exceptionnelle ampleur.
La Provence avant 1481
De l'Empire romain au Saint Empire
Le nom de Provence vient du latin provincia, la province par excellence, celle que conquirent les Romains dans la Gaule transalpine. Mais c'est sous d'autres noms ( Viennoise, Narbonnaise, etc.) que le pays compris entre le Rhône, la crête des Alpes et la mer Méditerranée participe à l'histoire de la Gaule romanisée, période décisive qu'évoquent aujourd'hui tant de vestiges, d'Arles à Cimiez et de Vaison à Fréjus. À la charnière du ve et du vie siècle, quand l'Empire romain s'est effondré sous l'invasion des Barbares, l'Église chrétienne maintient une certaine unité de la Gaule du Sud-Est, autour de l'évêque d'Arles, saint Césaire (503-543).
Vers cette époque, le nom de Provincia (Provence ) réapparaît dans la Gaule franque, comme entité géographique et même, par intermittence, politique, au hasard des guerres civiles et des révoltes dans le royaume mérovingien. Les Carolingiens réduisent ensuite à l'obéissance un pays au commerce ruiné, replié sur son agriculture. Surtout, par le traité de Verdun (843), ils font du Rhône pour la première fois une frontière politique : la rive droite sera en Francie occidentale, bientôt la France, tandis que, sur la rive gauche, la Provence sera en Lotharingie. On pourra dire « côté Royaume » et « côté Empire » après qu'en 1032 le chef du Saint Empire romain germanique aura reçu l'héritage du roi de Bourgogne-Provence et, par conséquent, la suzeraineté de l'ancienne Lotharingie.
Les dynasties
Du ixe au xve siècle, l'histoire médiévale de la Provence est, du point de vue politique, dynastique et militaire, d'une très grande complexité. On peut distinguer, en simplifiant, l'époque des dynasties proprement provençales, du ixe au xie siècle, celle des comtes catalans (xiie siècle et début du xiiie), qui s'achève par le grand règne de Raimond-Bérenger V (1209-1245), celle des Angevins enfin, branche cadette des Capétiens par Charles Ier, frère du roi de France Saint Louis.
Les premiers comtes furent contemporains des invasions arabes, avec l'établissement à la fin du ixe siècle, puis la destruction en 972-973 d'une tête de pont sarrasine dans le golfe de Saint-Tropez, au Freinet. L'histoire des seconds, les comtes catalans de Provence, fut liée à celle[...]
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Écrit par
- Maurice AGULHON : professeur honoraire au Collège de France
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Médias
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