PROVENCE, histoire
Une province de France
Les institutions
À dessein ou non, René avait laissé la Provence à celui de ses héritiers qui était le moins apte à la défendre contre l'ambition évidente du roi de France Louis XI. Après un an et demi de règne, Charles III, dernier comte de Provence, mourant sans postérité, lègue le comté au royaume voisin, et les états ratifient cet acte ; il s'agit en principe de l'union paritaire de deux entités politiques, et non de l'absorption du comté par le royaume. Celle-ci se fera progressivement, histoire complexe dont la création d'un parlement à Aix en 1501, puis l'édit de Joinville (1535) sous François Ier sont des jalons importants. Un siècle plus tard, au temps de Richelieu, la suppression des réunions des états provinciaux, remplacés par une modeste assemblée des communautés (1636), puis au début du règne de Louis XIV, l'installation définitive d'un intendant qui cumule sa commission avec la charge de Premier président achèvent l'intégration institutionnelle de la Provence au royaume. Le « comté ou pays de Provence », dont la capitale est Aix, avec ses « terres adjacentes » de Marseille, Arles, Les Baux, Saint-Tropez et quelques autres lieux, sera une province semblable aux autres pays d'états, à la fois gouvernement militaire, ressort de parlement et généralité. Il sera subdivisé en sénéchaussées pour la justice, en vigueries pour les finances, en subdélégations pour l'administration courante. L'intendant administrera avec le concours des « procureurs du pays » qui sont, notamment, ès qualités, l'archevêque d'Aix et les consuls de la ville d'Aix.
Les siècles troublés et les débuts de la francisation
Le pays a résisté à cette assimilation politique, mais point de façon directe. Si l'on s'est battu, et fort rudement, pendant la période où ce processus a eu lieu (fin xve, milieu du xvie siècle), c'est, sans parler des guerres extérieures (deux invasions de Charles Quint), sous la forme des guerres de religion, puis des révoltes de la Ligue (dont on peut retenir la longue sécession de Marseille, 1591-1596), enfin de la Fronde (ici appelée troubles du Semestre). En 1660, année marquée par le voyage de Louis XIV en Provence, on peut tenir l'ancien comté pour entièrement soumis au roi de France, aux institutions nouvelles, ainsi qu'à un catholicisme de quasi-unanimité, où le ton est donné par les dévotions de la Contre-Réforme méditerranéenne. À cette époque, une certaine forme de piété qu'on a pu dire « baroque » devient une composante essentiellement de ce qui reste d'originalité provençale.
Celle-ci eut à souffrir, dans ce même xvie siècle, de la rencontre entre les élites sociales du pays et la langue française. Effet de l'ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) sur la rédaction des actes juridiques en français ? Ou effet plus spontané de l'attraction du dynamisme global du royaume et d'un début de brassage des aristocrates ? L'usage du français va se répandre de proche en proche. À la veille de la Révolution, la classe moyenne (bourgeoisie des offices, bourgeoisie rentière, haut et moyen commerce) sera tout entière bilingue et il ne restera plus que le peuple à gagner.
L'apaisement et la prospérité
De 1660 à 1789, l'histoire de Provence s'apaise et s'intègre aux chapitres classiques de l'histoire de France. En émergent seulement les épisodes militaires (siège de Toulon en 1707), la peste de Marseille (1720-1721), la violence de la querelle janséniste (affaire Girard-Cadière à partir de 1730), et les contributions de Provençaux à la floraison intellectuelle et artistique nationale : sciences (Peyresc, Gassendi, Tournefort) ; littérature (Jean de Lacépède, Honoré d'Urfé, Vauvenargues) ; musique (Campra) ; arts plastiques (Puget, les Van Loo, J. Vernet, Fragonard)[...]
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Écrit par
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