ALBERTA PROVINCE D'
Histoire et peuplement
Avant d’être colonisée par des Européens et des Nord-Américains non autochtones, la moitié sud de l’Alberta était peuplée notamment par les Siksika (Blackfoot), Tsuu T'ina (Sarcee), Kainai (Blood), Piikani (Peigan) et Hidatsa (Gros Ventre), qui vivaient principalement de la chasse au bison, ainsi que par les Avonlea, qui pratiquaient également un peu d’agriculture. L’extrême nord de la province était occupé par les Slavey (Dene). Dès sa fondation, en 1670, la Compagnie de la baie d’Hudson (CBH) a revendiqué l’ensemble du territoire connu sous le nom de Terre de Rupert, correspondant au bassin hydrographique de la baie d’Hudson. Les explorateurs n’ont atteint la région qu’à partir des années 1750, et le premier poste de traite a été établi par Peter Pond, de la Compagnie du Nord-Ouest, rivale de la CBH, sur la rivière Athabasca, en 1778. Comme dans d’autres régions de l’Ouest canadien, ces compagnies commerciales ont dû former des partenariats avec certains peuples autochtones et les Métis pour accéder aux ressources de leurs territoires. Cependant, les approvisionnements en fourrures ont progressivement diminué, tandis que la demande baissait, laissant la plupart des Premières Nations dans une position de dépendance qui les a conduites à négocier des traités désavantageux pour elles, par lesquels elles se sont notamment résignées à s’établir dans des réserves.
En 1870, la Terre de Rupert a été transférée au gouvernement du dominion canadien ; dès lors, les régions constituant les actuelles provinces de la Saskatchewan et de l’Alberta ont été administrées comme des territoires fédéraux. À ce moment, l’Alberta a reçu son nom en l’honneur de l’épouse du gouverneur général du Canada, John Campbell. Les principales caractéristiques de la politique foncière canadienne dans l’ouest – attribution de terres à coloniser (homesteads), arpentages et concessions territoriales pour les chemins de fer – furent ensuite inspirées des États-Unis. Cependant, la colonisation fut lente, même après l’achèvement du chemin de fer Canadien Pacifique, en 1886. La partie méridionale des territoires de l’Ouest – ce qui deviendra la Saskatchewan et l’Alberta – était généralement considérée comme une zone à éviter par les colons qui souhaitaient cultiver le blé. Cette image était surtout due au rapport de l’expédition Palliser de 1857-1860, qui décrivait la région comme étant trop aride pour permettre l’agriculture. Ce n’est qu’en 1896, quand les terres situées au sud se sont davantage peuplées, que les conceptions au sujet du potentiel agricole des prairies du Sud-Ouest canadien ont évolué et que la Grande Dépression débutée en 1873 a pris fin, que le mouvement d’immigration s’est intensifié. Comme ses voisines des Prairies, la province d’Alberta a été colonisée par des populations diverses, provenant d’Europe, des États-Unis et de l’est du Canada. Les immigrés américains au Canada, originaires surtout du Midwest et des plaines adjacentes, s’installaient de préférence en Alberta. On avance même souvent que cette province fut plus influencée par les Américains que la Saskatchewan et le Manitoba, du fait de l’importance numérique de ce groupe et de sa concentration géographique dans les régions d’élevage du sud albertain. La popularité de la Non Partisan League, mouvement de protestation agraire né au Dakota du Nord et qui devient une force politique en Alberta, l’illustre.
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Écrit par
- Randy WIDDIS : professeur émérite, département de géographie et environnement, université de Regina, Saskatchewan (Canada)
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Médias
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