LUXEMBOURG PROVINCE DE, Belgique

La province belge de Luxembourg est, avec 4 440 kilomètres carrés et 294 000 habitants en 2023, la plus grande, la moins peuplée et la plus méridionale des provinces belges. Elle résulte de la division de l'ancien Grand-Duché de Luxembourg, en 1839, lorsque le traité des XXIV articles retira à la Belgique nouvellement indépendante ses parties sud-orientales de parler germanique pour les ériger en Grand-Duché et les attribuer en union personnelle au roi Guillaume des Pays-Bas dans le cadre de la Confédération germanique. Les revendications françaises ont toutefois laissé à la Belgique l'arrondissement d'Arlon, où l'on pratiquait à l'époque un dialecte germanique mais où passait la route stratégique de Longwy à Bruxelles, que la France ne voulait pas laisser sous contrôle de la Prusse ; celle-ci avait obtenu de tenir une garnison au nom de la Confédération dans la citadelle de Luxembourg, qu'elle conserva jusqu'en 1866. Cette province avait formé durant la période française l'essentiel du territoire du département des Forêts et, sous l'Ancien Régime, celui du duché de Luxembourg. La séparation de 1839 entraîna la fixation du chef-lieu de la province belge dans la petite ville d'Arlon. Outre celui du chef-lieu, la province compte quatre autres arrondissements (Bastogne, Marche-en-Famenne, Neufchâteau et Virton). Le territoire de la province est rattaché à l'évêché de Namur.

La plus grande partie du territoire est occupée par les hauts plateaux de l'Ardenne, avec un point culminant à la Baraque de Fraiture, à 652 mètres, sur le plateau des Tailles. Ces plateaux arasent des quartzites et phyllades, en général du Dévonien inférieur, plissés par l'orogenèse hercynienne. Leurs sols pauvres sont couverts de forêts, particulièrement sur les bordures du massif, et d'herbages. Le sud de la province forme la Lorraine belge (pays de Gaume à l'ouest et pays d'Arlon à l'est) : le relief de cette terminaison du Bassin parisien est marqué par trois cuestas, qui entaillent les couches obliques des terrains jurassiques et dont les fronts font face à l'Ardenne. La plus méridionale, sur la frontière française, est le prolongement de la côte de Moselle ; elle contient une couche de minerai de fer, qui a donné lieu à une exploitation industrielle à partir de la seconde moitié du xix^e siècle et à une sidérurgie, dont la dernière usine, à Athus, a fermé en 1977. La reconversion de cette zone, ainsi que des zones sidérurgiques contiguës au Grand-Duché et dans le bassin français de Longwy, a pu s’appuyer sur la mise en place d'un Pôle européen de développement transfrontalier, aidé par les fonds communautaires.

La province forme un espace recherché par le tourisme vert, en particulier une clientèle flamande et néerlandaise, qui peut y accéder par les autoroutes en provenance de Bruxelles et de Liège. Mais elle connaît aussi un regain de dynamisme de ses petites et moyennes entreprises, alors qu'elle avait été une terre d'exode rural durant tout le xix^e et la première moitié du xx^e siècle. Surtout, la prospérité économique est assurée dans une large portion orientale de la province par la proximité du Grand-Duché et de la place financière et européenne de Luxembourg : les salaires élevés y attirent quotidiennement un grand nombre de travailleurs résidant en Belgique.

— Christian VANDERMOTTEN