PRUSSE
L'État brandebourgeois-prussien
Lorsque Georges-Guillaume monte sur le trône en 1619, les possessions des Hohenzollern de Berlin s'étendent d'un bout à l'autre de l'Allemagne, mais sont divisées en trois groupes : au centre le Brandebourg, à l'est la Prusse, à l'ouest les territoires dispersés en Rhénanie et en Westphalie. L'effort des Électeurs consistera à les réunir.
La fondation du royaume
Le règne de Georges-Guillaume (1619-1640) correspond aux pires années de la guerre de Trente Ans, celles de la « période suédoise ». Lieu de passage pour les belligérants, le Brandebourg est ravagé et dépeuplé, perdant 140 000 habitants sur les 330 000 qu'il comptait au début du conflit. Le relèvement est dû à Frédéric-Guillaume, le Grand Électeur (1640-1688).
Son œuvre intérieure est d'importance : unité administrative (malgré les résistances des États provinciaux) par l'institution d'impôts et de fonctionnaires communs, colonisation des terres pauvres et presque vides d'hommes par l'appel à des Allemands d'autres régions, à des Hollandais, à des Français protestants persécutés par Louis XIV, qui contribueront à l'essor de Berlin. Mais c'est, plus encore, par sa politique extérieure que le Grand Électeur apparaît comme un des princes les plus remarquables de sa dynastie. Aux traités de Westphalie (1648), il obtient des « compensations » pour les ravages subis du fait de la guerre : à l'est de l'Oder, la Poméranie orientale et l'évêché de Kammin ; dans la région de l'Elbe, l'évêché d'Halberstadt et l'archevêché de Magdebourg (il s'agit de territoires sécularisés) ; sur la Weser, l'évêché de Minden, forte position stratégique au débouché de la Porta westfalica. Ensemble d'acquisitions qui tendent à rapprocher les trois domaines de la monarchie brandebourgeoise. Au cours de la première guerre du Nord (1655-1661), Frédéric-Guillaume s'allie successivement au roi de Suède Charles X Gustave, puis au roi de Pologne Jean-Casimir. Il obtient de ce dernier, au traité de Wehlau (1657), la fin du régime de vassalité auquel la Prusse était soumise depuis 1466, et le traité d'Oliva (1660) reconnaît sa pleine et entière souveraineté sur le duché de Prusse. Enfin, à l'égard de Louis XIV, le Grand Électeur pratique une politique tortueuse, tantôt favorable, moyennant subsides, tantôt hostile. Lorsque la guerre de Hollande éclate en 1672, le Brandebourg est dans le camp opposé à la France. Le duché de Clèves est occupé par les troupes françaises. En 1674-1675, l'Électeur est battu par Turenne en Alsace. Au même moment les Suédois, alliés de Louis XIV, envahissent le Brandebourg. Frédéric-Guillaume est vainqueur à Fehrbellin (28 juin 1675) et pénètre en Poméranie suédoise, où Stettin capitule en 1677. Mais le traité de Saint-Germain-en-Laye (1679) le force à restituer toutes ses conquêtes. L'opération n'a donc pas été payante pour le Brandebourg qui doit en 1682 reconnaître les « réunions » opérées par Louis XIV, et s'abstient en 1686 d'adhérer à la ligue d'Augsbourg. Toutefois Fehrbellin a eu chez les sujets du Grand Électeur un retentissement qui fait de cette bataille une victoire nationale. Elle a été possible grâce à une armée permanente dont les effectifs ont été portés à plus de 30 000 hommes.
Frédéric III (1688-1713) se montre, dès son avènement, désireux d'acquérir le titre de roi. L'empereur Léopold Ier résiste. L'Électeur lui fournit de l'argent et des hommes pour les guerres contre la France et contre les Turcs. Lorsqu'une nouvelle guerre menace d'éclater à propos de la succession d'Espagne, l'empereur ne peut se passer de l'aide du Brandebourg. Il cède et, par le « traité de la couronne » (16[...]
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Écrit par
- Michel EUDE : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Rouen
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