PRUSSE
La Prusse, puissance dominante du Reich allemand
L'influence de la Prusse reste prépondérante, quelle que soit la forme prise par le Reich. Moins peut-être sous le Troisième Reich que sous le Deuxième.
L'empire
Ce qui est né à Versailles en 1871 n'est pas un État centralisé, mais un empire fédéral de vingt-cinq États : trois villes libres et vingt-deux royaumes, grands-duchés, duchés et principautés. La prédominance de la Prusse est le caractère essentiel du IIe Reich. La dignité impériale est héréditaire dans la maison de Hohenzollern, et les rois de Prusse : Guillaume Ier, ses successeurs Frédéric III (1888) et Guillaume II (1888-1918), sont en même temps empereurs d'Allemagne. Le chancelier de l'Empire est aussi Premier ministre de Prusse. En fait, sinon en droit : pendant quelques mois de 1873, le maréchal Roon dirige la politique prussienne. Mais la séparation reste exceptionnelle et, sous Bismarck comme sous ses successeurs, les deux fonctions sont exercées par le même personnage. Or les pouvoirs du chancelier n'ont cessé de s'accroître au même rythme que la compétence du Reich. En face de la Prusse (348 000 km2 sur 540 000 pour tout l'Empire ; 37,3 millions d'habitants sur 60,6 en 1905), les autres États de l'Empire pèsent peu, qu'il s'agisse des minuscules principautés de Thuringe ou des trois royaumes de Bavière, Wurtemberg et Saxe. L'industrialisation de l'Allemagne ne peut que favoriser la Prusse qui possède les bassins houillers et les grands centres sidérurgiques (Ruhr, Haute-Silésie et Sarre).
Néanmoins la Prusse conserve quelques traits qui constituent son originalité en face des autres États allemands. Elle est l'État le moins homogène au point de vue religieux et ethnique. L'existence d'une forte minorité catholique en Rhénanie et dans les provinces polonaises explique que l'arsenal législatif du Kulturkampf a été voté pour une part par le Reichstag, pour l'autre par le Landtag prussien (1873-1875). Les populations polonaises sont même doublement dans l'opposition, sur le plan religieux et sur le plan national : le gouvernement prussien engage contre elles, sous les ministères de Bismarck et de Bülow, une lutte acharnée pour proscrire l'usage de la langue polonaise et implanter, dans les provinces de l'Est, des colons allemands, en vain d'ailleurs. On n'oubliera pas non plus la présence d'une minorité danoise en Schleswig du Nord. La vie politique prussienne est toujours régie par la Constitution de 1850, moins libérale que la Constitution impériale de 1871 : alors que les députés au Reichstag sont désignés par le suffrage universel, le Landtag continue, malgré les protestations des partis de gauche, à être élu selon le « système des trois classes ». Enfin on notera l'importance, dans la partie orientale du royaume, de la grande propriété noble : le Junker est un type spécifiquement prussien plutôt qu'allemand.
La république de Weimar
Déposant la couronne impériale le 9 novembre 1918, Guillaume II avait espéré conserver celle de Prusse, mais il dut y renoncer également le 28. La Prusse devient donc une république, et un Landde la République de Weimar. Cette nouvelle Prusse est moins étendue (294 000 km2) que l'ancien royaume : elle a dû céder au Danemark le Schleswig du Nord, à la Belgique les districts ardennais d'Eupen et de Malmédy, à la Pologne la Prusse occidentale (le « corridor » qui sépare la Prusse orientale du reste de l'Allemagne), la Posnanie et une partie de la Haute-Silésie, cependant que Danzig et Memel étaient érigées en villes libres séparées du Reich. La Prusse a pu conserver, en dépit des mouvements séparatistes, le Hanovre et la Rhénanie ; elle a annexé, en 1929, l'ancienne principauté de Waldeck : elle demeure ainsi le plus important des dix-sept [...]
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Écrit par
- Michel EUDE : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Rouen
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