PS (Parti socialiste), France
Le Parti socialiste (PS) est un parti politique français, situé à gauche sur l’échiquier politique. Si ses dirigeants revendiquent l'héritage de Jean Jaurès et de Léon Blum, sa filiation avec la SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière) a toujours été beaucoup plus difficile à assumer. Ses compromissions, sous la IVe République, dans des alliances locales et nationales de centre-droit dites de « Troisième force », ont conduit Guy Mollet, son secrétaire général devenu président du conseil en 1956, à intensifier la guerre en Algérie puis à soutenir, en 1958, le général de Gaulle et la Ve République. Son incapacité à s'adapter à la présidentialisation des institutions et aux nouvelles aspirations sociales et culturelles ont fait de la SFIO un repoussoir pour la très grande majorité de ceux qui ont rejoint le PS dans les années 1970. À leurs yeux, les deux figures qui incarnent alors le mieux le socialisme sont François Mitterrand et Pierre Mendès-France : ni l'un ni l'autre ne sont issus de la SFIO !
Mais la période de doute identitaire qui s'est ouverte en 2002, lors de l'élimination de Lionel Jospin dès le premier tour de l'élection présidentielle, puis après le quinquennat de François Hollande (2012-2017), explique sans doute davantage encore l'embarras des socialistes vis-à-vis de leur passé. Celui-ci semble alors ne plus pouvoir leur offrir, comme auparavant, de référents pour définir ce qu'ils sont et où ils vont. Jusqu’à cette date, les législatures au cours desquelles ils ont tenu, à titre principal, les rênes du pouvoir (1981-1986, 1988-1993, 1997-2002, 2012-2017) constituent en effet une rupture dans leur histoire. À la différence de beaucoup de partis sociaux-démocrates européens, les socialistes ont, jusqu'en 1981, peu gouverné l'État. Sous la IIIe République, si on laisse de côté la participation à l'« Union sacrée » au cours de la Première Guerre mondiale, ils ont soutenu, sans participer au gouvernement, des majorités de centre-gauche – bloc des gauches (1899-1906), cartel des gauches (1924-1926), néo-cartel (1932-1934) –, mais n'ont dirigé le pays que pendant deux ans, lors du Front populaire (juin 1936-avril 1938). S'ils ont pris part à la moitié des gouvernements de la IVe République, ce fut, pour l'essentiel, comme partenaire minoritaire au sein de coalitions centristes. Enfin, à compter de 1959, les socialistes sont demeurés pendant vingt ans dans l'opposition.
Pris en étau entre, sur leur gauche, le PCF qui, des années 1930 à la fin des années 1970, rassemble entre 20 % et 25 % des suffrages et bénéficie, grâce à l'appui de la puissante CGT, d'une très forte audience au sein du monde ouvrier, et, sur leur droite, le parti radical puis les démocrates-chrétiens du MRP, les socialistes n'ont cessé de faire le grand écart entre affirmation de principes révolutionnaires anticapitalistes et soutien ou participation à des gouvernements de coalition au sein desquels leurs marges de manœuvre étaient limitées. Dès le milieu des années 1920, Léon Blum, oubliant que les socialistes gèrent déjà de nombreuses grandes municipalités de manière souvent très pragmatique, théorise ce grand écart en distinguant « conquête révolutionnaire du pouvoir » et « exercice du pouvoir ». Tirant un bilan critique du soutien apporté aux gouvernements radicaux, il considère qu'en dehors des situations où la République est menacée, les socialistes ne peuvent accepter d'exercer le pouvoir que s'ils sont en position dominante et si leur pratique gouvernementale atteste de leur objectif de transformation sociale en améliorant le sort de la classe ouvrière. C'est ce qu'accomplira le Front populaire, cette forme si particulière d'exercice du pouvoir fondé sur la mobilisation des masses grâce à laquelle, en quelques semaines, le[...]
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Écrit par
- Frédéric SAWICKI : professeur de science politique à l'université de Lille-II
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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