PS (Parti socialiste), France
Une mutation inachevée
Quatre ans après la plus grave débâcle électorale de son histoire, le PS, aidé par le maintien du Front national dans 75 circonscriptions, revient au pouvoir en 1997 et doit gérer une double cohabitation : avec le président de la République et, faute de majorité à lui seul à l'Assemblée, avec des alliés « pluriels » (PCF, Verts, MDC, Radicaux), divisés, mais souvent plus à gauche sur les questions économiques et sociales, mais aussi sur l'immigration et le droit de la nationalité, alors au cœur des débats.
Évolutions et recompositions internes
Les conditions de ce retour au pouvoir repoussent la clarification idéologique amorcée au congrès de l'Arche de la Défense en décembre 1991 et lors des états généraux de Lyon en juillet 1993. En 1991, une nouvelle déclaration de principes a été adoptée, reconnaissant du bout des lèvres l'économie de marché (« Le Parti socialiste est favorable à une société d'économie mixte qui, sans méconnaître les règles du marché, fournisse à la puissance publique et aux acteurs sociaux les moyens de réaliser des objectifs conformes à l'intérêt général »), tout en réaffirmant ses « espérances révolutionnaires ». L'important mouvement de grève de décembre 1995 contre la réforme de la protection sociale et la dénonciation du non-respect des promesses de Chirac de résorber « la fracture sociale » ont, depuis, conduit le PS à orienter de nouveau son discours plus à gauche. La dénonciation des ravages du capitalisme financier et des délocalisations sont au cœur de la campagne électorale de 1997. Sous la pression de ses alliés et de l'extrême gauche, la ligne du PS est alors d'apparaître comme plus à gauche que Tony Blair en Grande-Bretagne et Gerhard Schröder en Allemagne. Le socialisme libéral devient alors le nouvel épouvantail du parti, comme le fut la social-démocratie dans les années 1970.
Dans ces conditions, les changements que connaît le PS après 1995 sont d'abord organisationnels et visent à démocratiser le parti, dans ses pratiques et sa composition. À l'initiative de Jospin, la convention nationale du 14 octobre 1995 adopte le principe de l'élection directe du premier secrétaire, des premiers fédéraux, des secrétaires de section par les adhérents. Entre 1995 et 1997, de nombreuses conventions thématiques chargées de construire un nouveau programme et faisant appel à la réflexion de tous les militants sont organisées. Au nom de la démocratisation, il s'agit surtout d'affaiblir les courants et de revenir à une logique plus majoritaire. Un premier pas en ce sens avait déjà été accompli au congrès de Bordeaux en 1992. Il avait alors été décidé que les 102 premiers secrétaires fédéraux seraient membres de droit du comité national en plus des 159 membres élus à la proportionnelle des courants. François Hollande, nommé premier secrétaire avec l'aval de Jospin en 1997, poursuivra dans cette veine en multipliant les conventions thématiques et en introduisant la possibilité d'organiser des référendums internes, une disposition qui ne sera expérimentée qu'en 2005 à propos du Traité constitutionnel européen (TCE).
Ces réformes et le retour au pouvoir ont stoppé l'hémorragie militante, mais ont aussi eu pour effet d'accroître l'emprise des catégories les plus diplômées et de renforcer l'autonomie des sections et fédérations. Deux enquêtes comparables menées par Henri Rey et Françoise Subileau en 1985 et 1998 auprès des militants montre que la part des ouvriers a diminué de moitié (de 10 % à 5 %) entre les deux dates. Les chômeurs sont quant à eux quasi absents (3 %). La part des membres du secteur public est toujours aussi importante : 59 % des adhérents y appartiennent contre 30 % dans la population active. Plus troublant, les attaches familiales avec le monde ouvrier[...]
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Écrit par
- Frédéric SAWICKI : professeur de science politique à l'université de Lille-II
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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