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PSAUME 44 suivi de LA MANSARDE (D. Kis) Fiche de lecture

Ironie et lyrisme

Psaume 44 est accompagné de La Mansarde, un autre texte commencé antérieurement (1959) et d’un style tout différent, sous-titré« Poème satirique », dont la traduction parut en 1989. Le rapprochement de ces deux ouvrages montre la variété des genres pratiqués par l’écrivain. Il s’agit là d’un récit échevelé, parfois lyrique, narrant la vie de bohème d’un jeune écrivain ayant pour compagnon le truculent « Bouc-le-sage », qui incarne l’esprit d’ironie. Nouvel Orphée, il vit à Belgrade une histoire d’amour avec Eurydice et certains de leurs propos sont tirés de phrases empruntées à Thomas Mann ! Assumées comme un héritage de Rabelais, les énumérations sont nombreuses ; carte de vins et menu fantaisistes, caractéristiques des hommes ayant réellement vécu, inventaire des livres se trouvant sous une cloche de verre, liste des locataires de la mansarde et des types littéraires à proscrire émaillent le récit. Nul doute que Kiš a mis beaucoup de lui dans ce texte. Il affirmait avoir voulu montrer tout ce qu’il savait faire en tant qu’écrivain, se libérer de son égoïsme, se moquer de lui-même et de l’idéalisme de la jeunesse. On comprend sans peine que La Mansarde, dont se dégage une incontestable énergie juvénile, quoique inquiète, ait pu interloquer à l’époque, dans la Yougoslavie de Tito.

Il est significatif de voir à quel point ces deux ouvrages initiaux, publiés ensemble en 1962, balisent d’emblée un vaste champ d’écriture que Danilo Kiš va restreindre en toute conscience et avec une grande maîtrise.

— Jean-Paul CHAMPSEIX

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Écrit par

  • : professeur agrégé, docteur en lettres modernes, habilité à diriger des recherches en littératures comparées

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