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PSAUMES

L'histoire des Psaumes

La Bible n'a pas inventé le genre psalmique, ni les hymnes, ni les supplications. Depuis le déchiffrement des cunéiformes mésopotamiens, on a découvert une belle série d'hymnes aux dieux et aux temples ainsi que de lamentations, d'incantations magiques et de prières ; ces pièces sont, elles aussi, pourvues de titres (sagidda...). L'Égypte possède également une riche collection d'hymnes adressés soit aux dieux (hymne à Aton, du xive s. av. J.-C., qui n'est pas sans parenté avec le Ps. CIV), soit aux rois divinisés ; elle connaît, par ailleurs, des prières de pénitence où s'exhale une réelle piété (reconnaissance pour une guérison après un péché). On trouve enfin une semblable lyrique chez les Hittites d'Asie Mineure (xviiie s.-xiiie s.) et chez les Cananéens (hymne à la déesse Nikkal).

Cette redécouverte des littératures du Proche-Orient ancien a mis en évidence les rapports qui existent entre les Psaumes et le culte : culte privé de l'exorciste près du malade, ou culte public dans les grandes fêtes saisonnières ou nationales. Il y avait déjà une lyrique en Israël avant David (cantique de Débora), mais c'est ce roi qui, vers 1000 avant J.-C., établit le culte national près de l'arche de l'alliance installée dans Jérusalem, la nouvelle capitale. C'est à lui que la tradition juive rapporte la psalmique et Amos (vi, 5, vers 750 av. J.-C.) lui attribue l'invention d'instruments de musique dont l'accompagnement paraît distinguer le psaume du simple cantique. Cette psalmique s'épanouit dans le culte du Temple, spécialement lors des grandes fêtes royales avec procession (CXVIII), plus ou moins analogues à la grande fête mésopotamienne du premier de l'an (S. Mowinckel). Les spécialistes discutent sur la nature de ces fêtes : intronisation de Yahvé, fête de l'alliance ou, plus probablement, fête royale d'automne. Sous l'influence du mouvement deutéronomique (viie s.) qui centralise le culte de la sainte Sion, « lieu choisi par Yahvé pour y faire habiter son nom », les supplications individuelles rejoignirent « en présence de Dieu » les grands hymnes liturgiques.

La chute de Jérusalem, puis la reconstruction du Temple sous l'influence des rapatriés et du sacerdoce aaronide accentuèrent le mouvement. On reprit les vieilles collections royales davidiques, quitte à les « relire » en fonction de l'apport des Prophètes. Suivirent des collections dues aux grandes familles de chantres. On aboutit, probablement vers les ve ou ive siècles, à la fixation du psautier biblique actuel, qui devient alors à la fois la collection liturgique utilisée dans le second Temple et le livre de méditation des sages. Les Psaumes sont l'expression liturgique et orante de tous les courants qui traversent la Bible.

— Henri CAZELLES

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Écrit par

  • : ecclésiastique, ancien directeur à l'École pratique des hautes études

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