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PSYCHANALYSE & CONCEPT D'OPPOSITION

Les couples opposés de pulsions partielles

En fait, le terme de Gegensatzpaar est quasi exclusivement réservé par Freud à la description des couples de pulsions partielles ou perverses : le sadisme et le masochisme, le voyeurisme et l' exhibitionnisme. Une première analyse en est donnée dans les Trois Essais sur la théorie de la sexualité (1905), qui comporte d'ailleurs des modifications datées de 1915. La structure de couple d'opposés, d'appariement (Paarung), selon laquelle s'organisent et fonctionnent ces pulsions prégénitales paraît être pour Freud « d'une grande importance théorique », probablement en rapport, dans son esprit, avec les deux notions cardinales d' ambivalence et de bisexualité. Le but sexuel s'y manifeste sous une double forme, en l'occurrence selon « l'opposition fondamentale entre l'activité et la passivité ». Les deux formes, la forme active, et son « adversaire » passive, toujours agissantes dans l'inconscient, coexistent chez le même individu en proportions variables – bien que soit postulé aussi le principe d'une « égale force » des pulsions opposées par couples, en raison même de leur rapport fondé sur l'ambivalence. Par ailleurs, la névrose représentant le « négatif » dont la perversion constitue le versant positif d'expression, la présence simultanée des deux termes du couple pulsionnel s'établit en parallèle dans les névroses avec les perversions « positives » correspondantes (1905, 1915). Le couple sadisme-masochisme occupe une place à part, d'une importance plus marquée, dans l'ensemble des perversions, en raison, est-il précisé, de son origine passionnelle. Parfois, Freud décrit une autre forme de couple où l'agression sadique, la motion hostile, s'oppose non au masochisme proprement dit, mais à la motion tendre, à la tendresse, comme lorsqu'il reprend la description des conduites du petit Hans (1909, 1926). Malgré leur connexion essentielle, les pulsions perverses organisées en couples d'opposés « aspirent à se satisfaire dans une indépendance réciproque et trouvent pour la plupart leur objet dans le corps du sujet » (1925). Dans le même texte, Freud réfère la source génétique des couples sadisme-masochisme et voyeurisme-exhibitionnisme au régime du fonctionnement auto-érotique, c'est-à-dire à un mode très primitif d'organisation du sujet. L'émergence des formations réactionnelles, qui donnent l'apparence d'un changement du contenu pulsionnel, est favorisée par cette organisation des pulsions perverses en couples d'opposés, dont résulte leur ambivalence affective (1915). Une autre forme de perversion, le fétichisme, est décrite en tant que déterminée par un processus de clivage, comme « doublement nouée à des opposés » – ainsi la tendresse et l'hostilité avec lesquelles on traite le fétiche et qui correspondent respectivement au déni et à la reconnaissance de la castration féminine (1927).

Dans « Pulsions et destins des pulsions », Freud reprend l'analyse des couples sadisme-masochisme et voyeurisme-exhibitionnisme, non plus seulement dans une perspective phénoménologique, comme dans les Trois Essais, mais dans le cadre de ce que Jean Laplanche a proposé d'appeler une « genèse idéale », sous la forme d'une « dialectique interne », des deux couples de pulsions perverses. Cette dialectique met en jeu quatre temps – un temps préliminaire et trois temps principaux – qui concernent la mise en place de l'organisation primitive du sujet, dans son rapport de différenciation originelle avec l'objet, en l'occurrence le partenaire humain. Le temps préliminaire se situe au seul plan du fonctionnement des pulsions d'autoconservation. Il concerne le sujet purement biologique, par opposition au sujet libidinal proprement[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur de psychologie et d'épistémologie à l'université de Paris-Nord

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