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PSYCHIATRIE

Statut et rôle du psychiatre

Si la folie est connue depuis toujours, ce n’est que tardivement que la psychiatrie est devenue une spécialité médicale. Certes, il existait depuis l’Antiquité, aussi bien en Égypte qu'en Grèce, puis dans le monde arabe et donc en Espagne, des lieux d'accueil pour les malades atteints de troubles psychiques. Mais ces lieux, s'ils permettaient le maintien du sujet et son observation, n'impliquaient pas nécessairement son traitement. Ce n'est qu'à partir du xviiie siècle que le psychiatre est reconnu en tant que médecin chargé de traiter les malades mentaux, puis, au siècle suivant que se dessine le contour de son statut, même s'il s'avère d'emblée, et le restera par la suite, difficile à cerner :

– son appartenance au corps médical lui confère un rôle de soignant qu'il aura du mal à exercer, faute de connaissances scientifiques ; pendant toute la période où il reste un aliéniste au sein des asiles du xixe siècle, il rassemblera des informations capitales pour la suite ;

– son intérêt pour les mécanismes psychiques le place à la croisée des données de l'organogénèse et de la psychogenèse des troubles, ce qui l'oblige soit à prendre parti soit à effectuer une démarche consensuelle ;

– sa connaissance du fonctionnement mental le met dans une double position, celle de donneur de soins au malade et celle de protecteur de la société.

Dans ces conditions, il ne peut se tenir à l'écart des organisations de traitement proposées pour les sujets dont il s'occupe, depuis les plus lourdes (cadre hospitalier, hospitalisations contraintes et gestion institutionnelle) jusqu'aux plus légères (consultations ambulatoires, prises en charge psychothérapiques et sociothérapiques), 75 % des soins psychiatriques étant dispensés exclusivement en consultations externes.

Ainsi, tour à tour le psychiatre garde, observe, soigne, protège le malade mental, mais aussi le contraint et le libère. Une de ses plus importantes responsabilités est d’éviter l’hospitalisation. Quand c’est inéluctable, il doit alors assurer la sortie dans les meilleures conditions de sécurité pour le patient et pour les autres. Plus les connaissances s'accumuleront, plus ces positions – autant de statuts – se succéderont rapidement jusqu'à une inconfortable intrication.

Formation du psychiatre

Dans la plupart des pays, la formation du psychiatre tend à s'uniformiser autour d'un solide socle de médecine générale. L'enseignement de la discipline passe, pour une part, par la théorie, et pour une autre part, par la pratique, sous la forme d'un internat ou d'un résidanat. Le diplôme est accordé après examen, concours ou témoignage d'une pratique. Si l'inscription dans le cadre d'une spécialité autorise toutes sortes d'exercice, chacun tend à se spécialiser en fonction des autorisations officielles accordées.

En France, les choses apparaissent plus tranchées qu'ailleurs. Le praticien choisit soit le temps plein hospitalier (l'exercice privé y est là exceptionnel et ne saurait dépasser deux demi-journées en semaine), soit le mi-temps hospitalier (exercice privé sur l'autre mi-temps), soit la pratique libérale (avec quelques heures en institution, sous la forme de vacations). Ailleurs, il est habituel d'autoriser le double exercice privé et libéral.

Dans tous les pays, également, se développe une activité hospitalo-universitaire, à des fins de recherche et d'enseignement. Ce statut est commun à toutes les disciplines médicales et le psychiatre y figure comme un médecin parmi d'autres.

Au cours des études de spécialité, compte tenu des multiples orientations offertes, il n'est pas rare d'assister à des « sur-spécialisations » dont les plus fréquentes sont : la pédopsychiatrie, la psychanalyse,[...]

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Écrit par

  • : psychiatre honoraire des hôpitaux
  • : psychiatre honoraire des hôpitaux, ancien chef de service, hôpital Sainte-Anne, Paris
  • : docteur en médecine
  • : ancien directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, chef de service honoraire à l'hôpital Esquirol
  • : professeur de psychiatrie
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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