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PSYCHOLOGIE

Interpréter un rêve ; analyser les processus par lesquels un rat, en un certain nombre d'essais successifs, parvient à apprendre une trajectoire arbitraire ou la manœuvre d'un appareil fournissant de la nourriture quand un signal est allumé ; mesurer le « degré d'intelligence » d'un adulte ou d'un enfant de cinq ans ; montrer si, et comment, l'opinion d'un sujet qui doit par exemple estimer librement l'amplitude du déplacement d'un point lumineux est modifiée par l'influence des jugements de deux « compères » qui fournissent, eux, des évaluations peu probables, mais constantes ; justifier les erreurs systématiques des enfants de six ans dans un problème qui, à sept ans, sera résolu immédiatement et comme allant de soi : il peut n'être pas évident, pour le profane et souvent pour le spécialiste lui-même, que ces entreprises variées relèvent d'une seule et même discipline. Dire, comme c'est l'usage, qu'elles sont toutes du ressort de la psychologie, parce qu'il s'agit chaque fois de conduites ou de comportements (humains ou animaux) et de leurs significations, ne réglerait pas davantage la question : la signification d'un rêve n'a pas forcément le même statut que la signification d'une erreur de raisonnement, et rien ne permet a priori de poser que la production inconsciente d'images pendant le sommeil (entendons : de telles images plutôt que de telles autres) est une conduite de même nature que la résolution d'un problème, ou que la réponse réflexe à un excitant extérieur, ou même que la remémoration volontaire du passé, qui paraît cependant lui être plus directement apparentée. Dirons-nous alors que ces divers phénomènes externes ou internes ont en commun l'activité du système nerveux ? Ce serait seulement postuler en ce cas leur unité physiologique, et bien des psychologues du reste, même en souscrivant à cette affirmation un peu générale, se refuseront à admettre que le système nerveux est semblablement impliqué dans une conduite perceptive, dans un processus d'apprentissage ou dans l'adhésion à une croyance.

Force est donc de renoncer, provisoirement du moins, à assigner aux investigations psychologiques un objet – c'est-à-dire un champ de faits – unitaire et cohérent. En conséquence, et aussi pour des raisons historiques et doctrinales, leur unité méthodologique n'est pas davantage assurée en l'état actuel. Il n'est même guère possible, à quelques rares exceptions près, d'établir une correspondance entre une liste de problèmes ou de domaines et une liste de méthodes, les mêmes termes pouvant renvoyer à des aspects et à des modes de conceptualisation bien différents. L'éthologiste ne regarde pas le comportement d'un chat ou d'un pigeon de la même façon que l'expérimentateur béhavioriste. La motivation, si même on s'accordait à donner de ce mot relativement technique une définition unique, n'est pas analysée au même niveau par le clinicien et par le psychologue de laboratoire. L'intitulé « psychologie sociale » désigne tantôt l'étude (expérimentale ou non) des interactions entre individus, tantôt l'analyse psychologique de certains comportements collectifs (préjugés, paniques, attitudes politiques, familiales), tantôt enfin l'étude des influences et des modelages que la vie collective impose à des comportements individuels comme la perception des couleurs ou la soumission à certaines formes « logiques » de pensée. Les adjectifs ou appositions qui accompagnent le terme de psychologie peuvent donc spécifier soit un domaine de recherche (psychologie différentielle : étude des différences individuelles), soit un style méthodologique (psychologie clinique : approche des conduites par les méthodes cliniques), soit encore[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

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