PSYCHOLOGIE ANIMALE ou ZOOPSYCHOLOGIE
Psychologie animale et sciences cognitives
La psychologie animale rencontre de sérieux obstacles dans sa tentative de comprendre les processus cognitifs des animaux qu'elle étudie. Ces barrières tiennent, entre autres, au problème de la transmission de la consigne et de sa compréhension par l'animal et, plus généralement, à l'adéquation entre les représentations éventuelles que les animaux construisent et nos propres représentations de ce qu'ils font. Malgré ces difficultés méthodologiques et théoriques, il n'en reste pas moins que la psychologie animale demeure une discipline importante dans le champ des sciences de la cognition.
En effet, les études comparatives entre animaux, d'une part, et entre l'animal et l'homme, d'autre part, fournissent un outil unique pour accéder au fonctionnement de nombreux processus psychologiques. Les études menées sur l'animal permettent d'établir la distribution et les relations phylogénétiques de différents traits cognitifs divergents (par exemple, dans la représentation de l'espace ou du temps). De plus, ces études représentent une des meilleures approches pour explorer les relations entre les processus cognitifs et leur substrat cérébral. Par ailleurs, les techniques expérimentales mises au point par la psychologie animale ont des retombées pratiques importantes. Ainsi, la mise au point de tests comportementaux (perception, mémoire ou résolution de problèmes) permet d'affiner, en pharmacologie, l'évaluation concernant l'effet de certaines substances (par exemple, les psychotropes) sur les traitements cognitifs.
La psychologie de la cognition animale peut également entretenir des rapports fructueux avec l'intelligence artificielle. Comme le reconnaissent les spécialistes de la cognition humaine, la construction d'un ordinateur capable de simuler la totalité des opérations mentales de l'homme est un projet encore inachevé. En revanche, la modélisation des processus cognitifs de l'animal devrait être plus accessible, étant donné leur apparente simplicité par rapport à ceux de l'humain. Cette modélisation, proposée par H. L. Roitblat et J.-A. Meyer en 1995, est fondée sur des extrapolations à partir des comportements non verbaux. Elle est orientée vers une approche biomimétique des adaptations et la construction « d'animats » (animaux simulés), capables de s'ajuster à des changements imprévus dans l'environnement.
Enfin, et surtout, les études sur l'animal représentent un outil irremplaçable pour reconstituer l'évolution de la cognition et du comportement humains, le comportement ne laissant pas de traces fossiles. En disposant d'un modèle animal (et en particulier, à cause de la proximité phylogénétique, du modèle primate), il semble possible de mieux comprendre le fonctionnement nerveux, les processus cognitifs et leur histoire évolutive, afin de pouvoir définir les contours d'une pensée sans langage.
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Écrit par
- Jacques VAUCLAIR : professeur émérite des Universités
Classification
Médias
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