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PSYCHOLOGIE CLINIQUE DE L'ANXIÉTÉ

Le terme « anxiété » est apparu au xiie siècle ; son usage est toutefois resté assez rare jusqu’à la fin du xixe siècle, date de la reconnaissance de son implication potentielle dans une série de troubles psychiatriques. Les troubles liés à l’anxiété (ou troubles anxieux) constituent aujourd’hui un problème majeur de santé publique. En 2021, une étude épidémiologique a estimé qu’approximativement 16 % de la population française présenterait, au cours d’une année, les critères cliniques d’un tel trouble.

Peur et anxiété

Selon le psychologue américain David Barlow, la compréhension des troubles anxieux est étroitement liée aux émotions de peur et d’anxiété. La peur est une émotion primaire éprouvée par l’individu lors de la confrontation avec un danger immédiat, par exemple la confrontation avec un prédateur. Elle est toujours déclenchée par un objet déterminé et survient de manière circonscrite dans le temps. Elle peut être spontanée ou apprise, comme dans le cas d’apprentissages conditionnés. La peur se traduit aussi bien par des réactions physiologiques, telles que l’accélération du rythme cardiaque, que par des réponses comportementales, comme la fuite ou l’immobilisation. De manière contrastée, l’anxiété peut exister en l’absence de danger immédiat ou de situations spécifiques. Elle réfère à l’état éprouvé lorsqu’un danger incertain ou d’autres événements négatifs sont susceptibles de se produire, et pour lesquels il n’existe aucune capacité de contrôle réel. Cet état se traduit par des réactions physiologiques voisines de la peur, mais moins exacerbées, et par l’apparition d’un sentiment d’appréhension. En outre, sur le plan de l’évolution des espèces, puisqu’elle concerne des dangers incertains, l’anxiété présuppose la capacité à se représenter des éléments absents et apparaît donc plus tardivement que la peur sur l’échelle phylogénétique.

La peur et l’anxiété constituent toutes deux des expériences quotidiennes présentant une certaine valeur adaptative, elles peuvent cependant devenir chroniques et excessives. Ces états sont alors qualifiés de troubles anxieux. Historiquement, les travaux de Sigmund Freud sur la théorie des névroses ont dominé l’approche des troubles anxieux jusqu’à la fin des années 1960, date du début d’un mouvement plus général en psychiatrie visant à rationaliser la démarche diagnostique.

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Écrit par

  • : docteur en psychologie, chargé de recherche au Fonds de la recherche scientifique de Belgique

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