PSYCHOLOGIE COGNITIVE
Psychologie cognitive et étude de la cognition
Ce qui a marqué durablement la psychologie cognitive est la reconnaissance, aujourd'hui largement partagée, d'un objectif général : établir une conception de la cognition humaine inspirée par les concepts fournis par la théorie du traitement de l'information. En l'occurrence, il s'agit de rendre compte des fonctions mentales qui s'appliquent à l'information en général, et plus spécifiquement aux informations susceptibles de se constituer en connaissances. Sont ainsi concernées toute une série d'étapes, comme la saisie initiale de l'information perceptive, sa transformation et sa conservation en mémoire, son organisation et son évolution au sein de cette mémoire, et enfin sa récupération en vue d'utilisations ultérieures, dans le contexte de situations nouvelles impliquant, par exemple, la recherche d'une solution en réponse à un problème inédit.
La notion générale de « cognition » subsume l'ensemble des fonctions qui ont occupé la psychologie depuis ses origines : sensation, perception, apprentissage, mémoire, raisonnement, sans oublier toutes les activités qui impliquent la production et la compréhension du langage. En ce sens, elle est caractérisable comme « l'ensemble des dispositifs dont la fonction est de produire et d'utiliser de la connaissance » (Jean-François Le Ny). La notion est également invoquée lorsqu'il s'agit de formuler des hypothèses sur la manière dont est organisée la connaissance dans la mémoire humaine (en termes d'entités symboliques individualisées ou bien de réseaux) et sur l'architecture qui relie tous ses composants. L'activité cognitive est ainsi conçue comme l'interfaçage entre deux ensembles d'entités : des représentations (structures informationnelles inscrites en mémoire) et des processus de traitement applicables à ces représentations (activation, comparaison, combinaison, transformation).
Une idée qui a longtemps prévalu est que la cognition aurait essentiellement à voir avec des processus de haut niveau, ce qui a parfois conduit certains à établir une coupure entre « perception » et « cognition ». Mais cette idée n'est plus guère entretenue aujourd'hui. Si bien que tout le spectre des formes de traitement de l'information, (y compris dans ses plus bas niveaux) s'est trouvé progressivement rassemblé sous le terme générique « cognition ». Aujourd'hui, même les formes les plus simples d'apprentissage discriminatif (le fait, par exemple, pour un animal d'identifier que deux stimuli sont identiques ou qu'ils sont différents) sont vues comme la préfiguration des processus de haut niveau rencontrés chez l'être humain. Par ailleurs, si la cognition est examinée sous l'angle des fonctions qu'elle instancie de manière adaptative, elle est également abordée à travers ses limitations et ses dysfonctionnements, ce qui donne aux programmes de la psychologie et de la neuropsychologie cognitive, voire de la psychiatrie cognitive, une très forte proximité.
D'une manière qui n'est sans doute pas le fait du hasard, l'expansion des concepts cognitifs dans la psychologie du dernier quart du xxe siècle coïncide avec la prise en compte du concept de cognition par d'autres disciplines, à commencer par celles concernées à cette époque par la simulation des fonctions de l'esprit humain. Cette approche s'inscrivait à l'origine dans le cadre du postulat selon lequel il est possible de fabriquer des systèmes artificiels capables de contenir de la connaissance, d'en manipuler les composants, d'appliquer à ceux-ci des mécanismes calculatoires permettant de produire des raisonnements ou de prendre des décisions. Ainsi, des mécanismes cognitifs similaires à ceux supportés par des systèmes biologiques devraient pouvoir[...]
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Écrit par
- Michel DENIS : directeur de recherche au CNRS
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