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PSYCHOLOGIE DES ÉMOTIONS

L’émotion est-elle une motivation ?

De nombreux auteurs se sont intéressés au fait que l’émotion n’est pas passive : elle nous prépare à agir. Au xxe siècle, Magda Arnold et Nico Frijda ont développé la notion de « tendances à l’action » (tendances à approcher, éviter, être avec, interrompre, dominer…) qui préparent le comportement face à ce qui déclenche l’émotion. Par exemple, les tendances à l’action de la colère préparent les comportements hostiles, alors que celles de la peur préparent les comportements de fuite, d’immobilisation ou même de combat. Parfois, la tendance à l’action et le comportement réalisé divergent, car l’action préparée par l’émotion est contrôlée ou inhibée. Il est important de distinguer la dimension « approche-évitement » de la dimension « positif-négatif ». En effet, même si les émotions positives sont typiquement caractérisées par des tendances à l’approche et les émotions négatives par des tendances à l’évitement, une émotion comme la colère est considérée comme de valence négative en termes de ressenti mais est caractérisée par une tendance à l’approche (l’hostilité conduit à s’approcher de la personne contre qui l’on est en colère).

La tendance à l’action, par le fait qu’il s’agit d’une « tendance », n’est pas aisée à mesurer. En effet, l’action effective ne peut être utilisée que comme une approximation de la motivation sous-jacente, car d’autres actions volontaires peuvent, en fait, s’exprimer (par ex. serrer la main à quelqu’un contre qui l’on est en colère, car la situation l’impose). Des mesures d’interférences comportementales ont été développées, dans lesquelles il est demandé à des participants d’effectuer une action ; on peut ainsi mesurer combien cette action est modifiée par le fait que tel ou tel stimulus émotionnel est présenté. Par ailleurs, des questionnaires sont souvent utilisés comme mesures explicites demandant aux individus quels changements relationnels ils souhaitent (« qu’aviez-vous envie de faire dans la situation ? »). Des mesures physiologiques, telle l’électromyographie – pour l’activité musculaire de faible ampleur invisible à l’œil nu –, sont également utilisées. Enfin, des mesures de l’activité électrique du cerveau (électroencéphalographie) ont été proposées, en particulier concernant l’asymétrie hémisphérique : Richard Davidson et ses collègues ont suggéré que les régions frontales de l’hémisphère gauche sont liées à l’approche alors que celles de l’hémisphère droit seraient liées à l’évitement.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Genève, directeur du Centre interfacultaire en sciences affectives, Genève (Suisse)

Classification

Média

<em>La Couleur des émotions</em> d’Anna Llenas - crédits : Éditions Quatre Fleuves

La Couleur des émotions d’Anna Llenas