PSYCHOLOGIE DIFFÉRENTIELLE
L'intelligence
Quels que soient les aspects de la conduite considérés, des plus élémentaires aux plus complexes, la variabilité est toujours présente. Pour des raisons tenant aux possibilités immédiates d'application (notamment, à l'origine, la psychologie scolaire et l'orientation professionnelle), les travaux classiques de psychologie différentielle ont surtout porté sur des conduites fortement intégrées relevant de l'intelligence et de la personnalité.
L'intelligence a d'abord été conçue comme une entité unique permettant un classement unidimensionnel des individus caractérisés par leur âge mental ou leur quotient intellectuel, qui sont mesurés par leur niveau de performance dans un ensemble de tâches cognitives. Mais l'étude systématique de l'organisation des réussites dans les tests collectifs – tests constitués d'une série de petits problèmes nécessitant la manipulation de symboles – a montré qu'il était bien plus pertinent de distinguer des formes d'intelligence qui correspondent chacune à des classes de problèmes et à des aspects particuliers du fonctionnement mental. Parmi les formes d'intelligence, on a distingué :
– l’intelligence fluide, qui se manifeste notamment dans le raisonnement inductif faisant appel à une base de connaissances minimales (analogies géométriques par exemple) ; l'intelligence fluide est associée à la capacité de la mémoire de travail (ou capacité attentionnelle), qui permet le traitement simultané de plusieurs informations dans un temps relativement bref ;
– l’intelligence cristallisée se manifeste notamment dans la connaissance et l'usage de la langue ; elle est associée au degré de structuration de la mémoire déclarative (sémantique et épisodique) ;
– l’intelligence spatiale se manifeste dans la perception des formes et de leurs transformations ;
– la rapidité de récupération de l'information stockée en mémoire à long terme, qui se manifeste par la fluidité verbale, idéationnelle et associative ; elle est une composante essentielle de la créativité définie par la production de produits nouveaux et intéressants.
Ces dimensions ne sont pas indépendantes et, à partir de leurs corrélations, on peut définir un « facteur d’intelligence générale ». Ce facteur est général dans la mesure où on le retrouve, avec un poids plus ou moins important, dans la plupart des tests collectifs relatifs aux fonctions cognitives, mais il n’est pas universel dans la mesure où il existe des formes d’intelligence dans lesquelles il est absent ou très faiblement présent : intelligence sociale ou capacité à gérer les relations avec autrui, intelligence émotionnelle ou capacité à identifier et à utiliser ses émotions, intelligence pratique faisant une large part à des savoirs implicites. L'intelligence d'un individu ne peut être caractérisée par un score unique ; elle ne peut être décrite que par un profil.
À cette approche structurale est souvent associée une approche fonctionnelle à visée plus explicative. On s'intéresse aux diverses étapes de la résolution des problèmes et aux stratégies mises en œuvre. On a ainsi montré que les sujets les plus efficaces et les plus rapides dans les épreuves de raisonnement étaient ceux qui prenaient le plus de temps pour se construire une représentation du problème à résoudre. Pour de nombreux problèmes, plusieurs stratégies sont possibles (et pas forcément équivalentes en termes de coût ou d'efficacité). Par exemple, le sujet peut avoir le choix entre un codage iconique ou un codage linguistique des données initiales, ce qui conduira à la mise en œuvre d'opérations mentales différentes.
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Écrit par
- Michel HUTEAU : professeur d'université honoraire
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