PSYCHOLOGIE DIFFÉRENTIELLE
La personnalité
Les travaux sur la personnalité sont différentiels par nature dans la mesure où ils se proposent de montrer que nos conduites sont non seulement relativement cohérentes et stables, mais aussi individualisées. La psychologie différentielle décrit cette individualisation en faisant appel à des traits, le plus souvent évalués au moyen de questionnaires où l’on demande aux sujets de rapporter leur manière habituelle de se comporter dans des situations diverses. On utilise également des épreuves objectives ne faisant pas appel à l’introspection et des épreuves projectives.
La langue est très riche en matière de description de la personnalité au moyen de traits. On a d'abord inventorié ces descriptions, puis on a procédé à des condensations successives (approche dite « lexicographique ») qui ont conduit à la mise en évidence de cinq grands traits de personnalité bipolaires (les big five). Ces traits sont très généraux, aussi a-t-on défini des sous-traits ou des facettes (indiquées entre parenthèses dans la liste ci-dessous où les traits sont définis par un de leurs pôles) :
– extraversion (cordialité, grégarité, assurance, activité, recherche de sensations, émotions positives) ;
– agréabilité (confiance, loyauté, altruisme, acquiescement, modestie, attention) ;
– conscience (compétence, ordre, sens du devoir, aspiration à la réussite, autodiscipline, réflexion) ;
– instabilité émotionnelle (anxiété, agressivité, dépression, centration sur soi, impulsivité, vulnérabilité) ;
– ouverture (fantaisie, ouverture dans les domaines de l'esthétique, des sentiments, de l'action, des idées, des valeurs).
Un second mode d'établissement des traits est tout différent. On constate d'abord une forte variabilité sur un aspect de la conduite et l'on observe ensuite que les variations sur cet aspect de la conduite sont associées à des variations sur d'autres aspects. La dimension initiale, assez étroite, s'élargit donc progressivement pour donner naissance à un trait de personnalité. Illustrons cette démarche au moyen de deux exemples. Dans beaucoup de tâches cognitives, deux attitudes sont possibles : privilégier la vitesse ou la précision. En privilégiant la vitesse, on fera généralement davantage d'erreurs. Certains sujets ont tendance à être impulsifs (ils privilégient la vitesse), d'autres à être réfléchis (ils privilégient la précision). Le continuum réflexion-impulsivité, qui se met en place précocement, a d'abord été mis en évidence dans des tâches d'exploration perceptive. Les sujets plutôt réfléchis ne sont pas simplement plus lents et plus précis, ils sont aussi plus systématiques et leurs stratégies sont plus fréquemment analytiques. Cette opposition a été retrouvée dans de nombreuses situations. On a notamment montré que les sujets plutôt réfléchis étaient plus aptes à inhiber leur activité motrice, avaient une plus grande capacité d'attention, étaient plus anxieux vis-à-vis de la réussite. Le second exemple porte sur les processus d'attribution. Certains sujets pensent qu'ils sont à l'origine de ce qui leur arrive, tandis que d'autres pensent plutôt que ce qui leur arrive dépend des autres ou du hasard. Ces deux attitudes définissent les pôles d'un continuum « internalité-externalité du contrôle ». On a montré notamment que les sujets à contrôle interne sont plus efficaces dans les apprentissages, sont moins sensibles à l'influence sociale, s'engagent plus fréquemment dans des mouvements sociaux, contrôlent mieux leur vie émotionnelle.
L'usage des typologies est beaucoup moins fréquent en psychologie différentielle que dans la psychologie populaire. Un type regroupe des individus qui se ressemblent fortement. Si, par exemple, on considère les sujets qui ont des scores élevés[...]
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Écrit par
- Michel HUTEAU : professeur d'université honoraire
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