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PSYCHOLOGIE DIFFÉRENTIELLE

La variabilité intergroupes

Quels groupes comparer ? Le choix de certaines comparaisons dépend du moment et du lieu (il y a quelques décennies on comparait les enfants selon qu'ils vivaient en milieu rural ou en milieu urbain, aux États-Unis on compare systématiquement les individus selon leur « race »). En revanche, les comparaisons en fonction du sexe et du statut social ne sont pas affaire de circonstances, car, dans toutes les sociétés, ces deux variables sont au cœur de la division du travail et du fonctionnement social.

Les différences de genre dans le domaine cognitif sont faibles, beaucoup plus faibles que ce que l'on imagine habituellement (cf. genre et cognition). Dans le domaine de la personnalité, très tôt, vers trois-quatre ans, filles et garçons diffèrent par leurs intérêts, plus tard, ce sera aussi par leurs valeurs. La différenciation se fait toujours dans le sens d'une adéquation aux stéréotypes du masculin et du féminin (les hommes sont orientés vers les choses, les femmes vers les personnes ; les hommes agissent, les femmes s'expriment...). On a noté, sous certaines conditions, que les garçons étaient davantage orientés vers la réussite (confiance en soi, besoin de s'accomplir, ambition...) et les filles plus sociables. Systématiquement, les garçons et les hommes se révèlent plus agressifs que les filles et les femmes. Là encore, avec cependant une exception pour les intérêts et les valeurs, les différences ne sont pas massives, elles sont du même ordre de grandeur que dans la sphère cognitive. Notons encore que, si le taux de morbidité psychiatrique est le même chez les hommes et les femmes, les pathologies développées ne sont pas les mêmes : davantage de conduites antisociales et de dépendance à l'alcool et aux drogues chez les hommes, davantage de dépressions chez les femmes.

Dans l'ensemble, les différences en fonction du genre sont faibles. On a cependant cherché à les expliquer. On retrouve alors le problème hérédité-milieu et les débats idéologiques qui l'accompagnent (expliquer ces différences par des caractères biologiques hérités contribue-t-il à justifier les discriminations dont les femmes sont encore l'objet dans de nombreux secteurs ?). Il n'y a pas de consensus pour attribuer un rôle aux différences d'équipement génétique, aux différences des systèmes hormonaux (même sur l'effet de la testostérone sur l'agressivité) ou aux différences dans l'anatomie et le fonctionnement cérébral. En revanche, on s'accorde pour considérer que la socialisation différentielle des filles et des garçons explique au moins une part des différences observées. N'ayant pas les mêmes attentes pour les filles et les garçons, les parents ne renforcent pas les mêmes conduites et n'encouragent pas aux mêmes activités. Par ailleurs, la société offre des modèles différents aux filles et aux garçons. Ces différences de socialisation ne doivent cependant pas être surestimées, sinon on ne comprendrait plus pourquoi les différences selon le genre ne sont pas plus marquées.

Compte tenu du rôle qu'elles sont susceptibles de jouer dans les mécanismes de production et reproduction des inégalités sociales, on s'est surtout intéressé aux différences de classe sociale dans l'efficience cognitive des enfants d'âge scolaire. Les enfants des classes populaires réussissent moins bien que les enfants des classes aisées. Cette liaison apparaît précocement (on la repère vers deux ans). Elle est plus forte lorsque les problèmes proposés font appel au langage. Pour évaluer sa force, on compare souvent des groupes contrastés, des enfants de cadres et des enfants d'ouvriers. Mais ces deux groupes ne représentent qu'une fraction minoritaire de la population. Si on prend en compte toute la population, l'origine sociale permet de rendre compte d'environ 15 p. 100 de la[...]

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