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PSYCHOLOGIE DU LANGAGE ORAL

Perspectives

Des avancées méthodologiques au service des questions posées

Que ce soit en perception ou production de la parole, une question fondamentale concerne le décours temporel des processus en jeu. Si les temps de réactions sont souvent recueillis en fin de processus, les méthodes récemment développées tentent de fournir des indications sur ce qui se passe en temps réel au cours du traitement du langage. L’enregistrement des mouvements oculaires des auditeurs alors qu’ils reçoivent des instructions auditives (« cliquez sur la brioche ») concernant des objets présentés à l’écran d’ordinateur (une brioche et un abricot) permet d’examiner en temps réel les changements dans l’activation des différents candidats lexicaux en fonction de la stimulation auditive. En production de la parole, de nouvelles méthodes de cartographie liées à l’électroencéphalogramme (E.E.G.), ont permis d’isoler les différentes étapes de la production lexicale. Enfin, on associe aujourd’hui la précision temporelle des enregistrements E.E.G. à la précision spatiale de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (I.R.M.F.).

Des phénomènes traités dans leur complexité

Les travaux de la dernière décennie marquent une certaine évolution. Les recherches en psycholinguistique tendent à se rapprocher au plus près des situations réelles d’écoute et de production de la parole de la vie quotidienne des interlocuteurs. On ne considère plus que le langage que nous avons à traiter soit constitué de mots bien formés, parlés dans un français standard et entendus dans un environnement sans bruit. Les études s’intéressent à la reconnaissance des mots en situation difficile, avec du bruit de fond. On admet également que les interlocuteurs utilisent des informations indexicales, non linguistiques sur le genre, l’accent régional, le profil social pour s’adapter les uns aux autres. Enfin, si la conception du lexique oral, qui a longtemps prévalu en psycholinguistique, consiste à considérer que les unités qu’il contient sont des mots, on entrevoit aujourd’hui la possibilité que soient mémorisées des séquences fréquentes de plusieurs mots (par exemple « baba au rhum »).

— Elsa SPINELLI

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