PSYCHOLOGIE DU MENSONGE
Indicateurs physiologiques du mensonge
La technologie a toujours cherché à se mettre au service de la recherche de la vérité. Le premier outil à l'avoir fait – de loin le plus utilisé à travers le monde – est le polygraphe, plus connu sous le terme « détecteur de mensonge ». Son fonctionnement repose sur l’enregistrement d’un certain nombre de réponses physiologiques émises par une personne soumise à des questions par un interviewer. Un individu ressentant une émotion ne peut empêcher la mise en route de manifestations physiologiques telles que l’accélération du rythme cardiaque, la dilatation des bronchioles et donc l’augmentation de la respiration, l’élévation de la pression artérielle, la dilatation ou la rétractation des pupilles… Toutefois, toutes les émotions, la joie et l’excitation comme la peur d’être découvert, provoquent ces manifestations pour peu qu’elles soient assez fortes. Par conséquent, si le polygraphe mesure les effets des émotions en termes de sudation, de pression sanguine et de rythme cardiaque, il convient ensuite de réaliser une interprétation pour considérer que l’émotion mesurée dans le cadre de l’interrogatoire traduit un mensonge.
Le plus récent courant de recherche à propos du mensonge profite lui aussi des progrès technologiques, en particulier de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf). Observer un menteur en action grâce à l’imagerie cérébrale suscite de grands espoirs. Les observations du cerveau d’un menteur montrent une activation plus importante des régions du cortex préfrontal impliquées dans les processus de contrôle cognitif et d’inhibition. Cependant, des études cherchent à tester cette manière de détecter le mensonge qui pourrait sembler imparable grâce à la commercialisation depuis quelques années, par des sociétés américaines, d’appareils de neuro-imagerie fonctionnelle destinés à la détection du mensonge. Or, une expérimentation met en évidence la possibilité de tromper ce nouveau détecteur de mensonge, cérébral celui-là. Il est demandé aux participants de dire la vérité (pour les sujets d’un groupe expérimental) ou de mentir (pour les sujets d’un autre groupe) lorsqu’ils voient s’afficher leur date de naissance sur l’écran. Un troisième groupe est constitué ; il s’agit d’effectuer une contre-mesure : ces sujets vont chercher à tromper la machine en effectuant un mouvement imperceptible de la main. Cette disposition a pour effet de brouiller l’activité de l’aire corticale préfrontale puisque la planification du geste se fait également à cet endroit. L'observation de l’activité cérébrale des sujets menteurs montre que, dans 100 p. 100 des cas, le cortex préfrontal est activé, alors que les sujets qui disent la vérité n’activent pas l’aire corticale préfrontale. Cependant, l'activation du cortex préfrontal n’apparaît plus que chez 33 p. 100 des sujets appartenant au groupe « contre-mesures » alors qu'ils mentent ! Il semble donc très facile de tromper la machine dès qu'on en connaît les limites.
Par ailleurs, au cours des investigations effectuées avec l’IRMf, des activations d’aires cérébrales différentes ont été enregistrées selon le type de mensonge proféré. Il est, par conséquent, intéressant d’approfondir ce type de recherches, même si l’IRMf n’apparaît pas plus efficace que d’autres méthodes tant du point de vue de l’émission du mensonge que de son décodage.
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Écrit par
- Claudine BILAND : docteure en psychologie
- Jacques PY : professeur des Universités
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