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PSYCHOLOGIE EN MILIEU CARCÉRAL

Le rôle de la justice ne s’arrête pas à la fin du procès  : une fois le jugement prononcé, elle doit veiller à son exécution, tant pour la victime que pour l’auteur de l’infraction. Si celui-ci est condamné à une peine de prison ferme, il sera écroué dans un établissement pénitentiaire. La double mission de l’administration pénitentiaire, qui consiste à la fois à participer au maintien de la sécurité publique et à favoriser la réinsertion sociale des personnes qui ont enfreint la loi, nécessite le recours à de nombreux professionnels, dont les psychologues.

Les psychologues travaillant en milieu carcéral relèvent de différentes spécialités (psychologie clinique et pathologique, psychologie sociale, psychologie de l’éducation…) et ils interviennent non seulement auprès des personnes incarcérées mais aussi auprès des personnels pénitentiaires.

Interventions des psychologues auprès des personnes détenues

Même si les pratiques psychologiques sont encadrées différemment d’un pays à l’autre, les psychologues intervenant auprès des détenus participent généralement à leur prise en charge thérapeutique, à l’évaluation de leur dangerosité ainsi qu’à l’élaboration de programmes d’éducation (à la santé et à la citoyenneté) et de prévention de la récidive.

Plusieurs enquêtes menées en milieu carcéral ont mis en évidence l’état de santé déplorable dans lequel se trouvent la plupart des personnes qui entrent en prison. Les diverses pathologies physiques et mentales constatées révèlent les multiples épreuves et souffrances vécues avant l’incarcération. L’ensemble des contraintes liées à l’enfermement carcéral (délitement du lien social, privation d’espace, appauvrissement sensoriel, altération de la perception du temps…) peut provoquer l’aggravation de certaines affections préexistantes à la détention mais également l’apparition de troubles réactionnels à l’emprisonnement. La mise sous écrou provoque en effet souvent un « choc carcéral » se traduisant par divers troubles du comportement : état de sidération et d’abattement, passages à l’acte hétéro et autoagressifs (agressions de personnels, conduites suicidaires...).

Ces constatations soulignent l’importance du dispositif sanitaire en milieu pénitentiaire, tant pour les soins somatiques que psychologiques et psychiatriques.

Ainsi, des psychologues peuvent intervenir, par l’intermédiaire de la structure hospitalière dont ils dépendent, en tant que soignants et proposer aux détenus diverses prises en charge thérapeutiques (d’orientation psychanalytique, comportementale, cognitivo-comportementale…). Ces professionnels relèvent du ministère de la Santé et non de celui de la Justice, ce qui paraît de nature à favoriser la prise en charge des « patients détenus ».

L’identification, l’évaluation et la gestion des risques constituent aujourd’hui une préoccupation majeure dans nos sociétés occidentales. Concernant la sécurité publique, les dispositions législatives actuelles témoignent de cette volonté de réduire au maximum le risque de récidive des personnes délinquantes, celles-ci étant généralement considérées comme potentiellement dangereuses. Les professionnels de la justice et de la santé se trouvent donc de plus en plus sollicités pour apprécier et gérer cette dangerosité. En France, les psychologues de l’administration pénitentiaire peuvent travailler au sein du Centre national d’évaluation (CNE), dont les objectifs sont d’assurer l'orientation des détenus devant purger une longue peine et d’évaluer leur dangerosité dans le cadre de leur sortie. Pendant un séjour de six semaines environ, ces psychologues procèdent à l’évaluation des personnes détenues présentes dans la structure, grâce à des entretiens, à diverses mesures (échelles, tests) et à l’observation de leur comportement en détention. Les éléments recueillis[...]

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Écrit par

  • : professeure des Universités, responsable du master psychologie et justice, université de Lille-III

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