PSYCHOLOGIE EN MILIEU CARCÉRAL
Interventions concomitantes auprès des détenus et des personnels pénitentiaires
Le dispositif du projet d’exécution de la peine (PEP), qui se généralise dans tous les établissements pénitentiaires (règle 103-3 des règles pénitentiaires européennes adoptées en 2006), vise à donner plus de sens à la peine de prison, en impliquant le détenu dans une réflexion sur les actes qu’il a commis d’une part et dans la gestion de son temps d’incarcération d’autre part. En France, le psychologue « PEP », ni expert ni thérapeute, rencontre tous les arrivants en prison pour faire un premier bilan de leur situation et pour les encourager, selon le principe de l’individualisation de la peine, à construire leur propre parcours en détention. Il effectue des bilans psychologiques tout au long de leur incarcération. Il travaille également avec les personnels, en les accompagnant dans leur mission d’observation et en participant à des réunions pluridisciplinaires ainsi qu’à des actions d’information et de formation.
Alors que toutes les actions médico-psycho-socio-judiciaires mises en place pour les personnes détenues doivent normalement s’inscrire dans l’objectif final de (ré)insertion sociale assigné à l’administration pénitentiaire à l’issue de l’exécution de la peine, les résultats d’un certain nombre de travaux démontrent plutôt une incidence négative de la durée d’incarcération sur l'estime de soi et sur l’intériorisation des valeurs sociomorales. L'emprisonnement semble être davantage un facteur criminogène, comme en témoignent l’augmentation de l’activité criminelle chez des mineurs délinquants et la radicalisation de jeunes, issus ou non de l’immigration, à la suite de leur incarcération.
Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, des binômes de soutien, composés d’un psychologue et d’un éducateur, sont actuellement mis en place dans les prisons françaises. Ces binômes sont chargés d’améliorer le repérage des phénomènes de radicalisation ainsi que la prise en charge des personnes placées sous main de justice en voie de radicalisation ou déjà radicalisées. L’actualité du sujet conduit les pouvoirs publics à solliciter fortement les psychologues qui, démunis face au manque d’études empiriques en la matière, se trouvent contraints de mettre rapidement en œuvre des recherches-actions afin d’évaluer l’efficacité de leurs pratiques.
Les professionnels exerçant en milieu carcéral sont confrontés à de nombreuses autres problématiques, telles que les conduites addictives en détention, la prise en charge des délinquants sexuels, la grossesse et la maternité pendant l’incarcération, l’enfermement des adolescents, le vieillissement et la perte d’autonomie de la population carcérale.
Être psychologue en prison nécessite par conséquent un certain nombre de qualités et compétences dont les premières sont la faculté d’adaptation, les qualités relationnelles et la capacité à travailler en pluridisciplinarité.
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Écrit par
- Nathalie PRZYGODZKI-LIONET : professeure des Universités, responsable du master psychologie et justice, université de Lille-III
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