PSYCHOLOGIE ÉVOLUTIONNISTE
La psychologie évolutionniste est une orientation et un courant de pensée mettant l’accent, dans l’explication de l’esprit et du comportement de l’Homme, sur les adaptations mises en place à l’époque préhistorique par la sélection naturelle, et qui constitueraient aujourd’hui le socle génétiquement inscrit de la nature humaine. La psychologie évolutionniste est une forme d’articulation entre psychologie et théorie de l’évolution. Avant d’en préciser les caractères, il convient donc de rappeler succinctement les diverses formes de relation entre psychologie et darwinisme. Elles ont été, au fil du temps, tantôt intégratives, tantôt conflictuelles.
Les relations entre biologie évolutionniste et psychologie
Darwin, le premier, avait abordé, dans le cadre de sa théorie révolutionnaire, la question des conduites et des capacités mentales de l’espèce humaine. L’hypothèse que celles-ci pouvaient également trouver explication dans les mécanismes de la sélection naturelle a été exposée, entre autres, dans son ouvrage L’Expression des émotions chez l’homme et les animaux (1872). La voie était tracée pour explorer la continuité évolutive entre espèces animales et espèce humaine en matière de comportement et de psychisme aussi bien qu’au niveau anatomique et physiologique. Au sein d’une psychologie accédant peu à peu à son autonomie, les orientations les plus proches de la biologie – psychophysiologie, psychologie comparée – adoptèrent assez naturellement les thèses darwiniennes, pour rejoindre aujourd’hui le courant fédérateur des neurosciences. Mais le programme darwinien se développa surtout au sein même de la biologie, par l’émergence de l’ éthologie, étude du comportement des animaux dans leur milieu naturel, alliant les perspectives phylogénique et ontogénique, et dont Konrad Lorenz fut le principal fondateur. Dans la seconde moitié du xxe siècle, l’éthologie s’imposa à l’attention des sciences psychologiques. D’autres écoles relevant de ces dernières avaient aussi fait référence à l’évolutionnisme. C’est le cas, notamment, du constructivisme de Jean Piaget et, dans une orientation fort différente, du behaviorisme radical de Burrhus Frederic Skinner. Le premier, biologiste avant d’être psychologue, consacra une grande partie de sa réflexion aux théories de l’évolution, y proposant quelques retouches et y soulignant la part des comportements. Le second recourut à l’analogie de la sélection naturelle pour rendre compte de l’acquisition des comportements, une analogie à laquelle le darwinisme généralisé confère une plausibilité accrue. Par ailleurs, certains courants au sein de la psychologie cognitive, en mettent l’accent sur l’ innéité de certaines grandes fonctions humaines tel le langage, renvoient aux structures cérébrales mises en place par l’évolution biologique.
Pour autant, toutes les écoles ou orientations de la psychologie moderne n’ont pas intégré les données de l’évolution biologique dans leurs théories ou leurs pratiques. Beaucoup, tenant les humains essentiellement pour êtres de culture, soit n’ont pas jugé utile d’en débattre, soit ont entrepris de récuser le réductionnisme inhérent à leurs yeux à toute biologisation ou naturalisation de l’Homme.
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Écrit par
- Marc RICHELLE : professeur émérite, université de Liège, membre de l'Académie royale de Belgique
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