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PSYCHOLOGIE

Les méthodes psychométriques et les fonctions de la mesure

Une autre image populaire (et, souvent, très impopulaire) du psychologue le représente comme l'« homme des tests ». Cette image ne distingue guère entre le praticien – qui administre des tests en vue d'une décision pouvant aller du diagnostic clinique à la sélection scolaire ou professionnelle en passant par le conseil d'orientation ou l'analyse de la personnalité – et celui qui élabore ces instruments et qui les utilise, comme on va le voir, à d'autres fins que la détection ou l'évaluation des aptitudes et des caractéristiques individuelles. Les critiques communes que l'on adresse souvent aux tests mentaux confondent volontiers leur statut instrumental, les hypothèses explicites ou implicites qu'ils véhiculent quant à la nature des fonctions psychologiques mesurées et les conditions normatives de leur usage à des fins sociales ou privées déterminées.

Le test comme épreuve comparative

On ne s'occupera ici directement ni de la pratique des tests mentaux (diagnostic ou psychotechnique) ni de leur technologie propre (problèmes concernant leur construction, leur validation, leurs qualités métrologiques : cf. psychométrie). On analysera, en revanche, le mode de connaissance que fournissent les tests et la démarche épistémologique qui règle l'exploitation de leurs résultats pour une analyse des phénomènes psychologiques. Au départ, on doit donc tenir le test pour un simple instrument de description et de comparaison, permettant de produire certaines performances dans des conditions standardisées et d'évaluer ces performances en les situant sur une échelle à laquelle est associée une distribution connue, pour une population de référence bien déterminée. Considéré à ce niveau, le test n'implique, pour le moment, aucun préjugé quant à la nature des aptitudes, quant à leurs variations ni quant aux pronostics qu'elles autorisent, pas plus qu'une balance n'implique à elle seule une théorie des forces et des accélérations, ou que le thermomètre n'implique à lui seul une théorie de la chaleur, ni a fortiori des hypothèses sur les prévisions météorologiques ou sur la valeur symptomatologique de la fièvre. On exigera seulement de ces instruments qu'ils fournissent des mesures suffisamment fidèles et suffisamment sensibles. Bien entendu, il faudra par la suite corriger cette façon un peu simpliste de voir : elle n'a ici d'autre fonction que d'éviter la confusion des plans de discussion. Dire, à ce niveau, d'un enfant de cinq ans qu'il a un Q.I. (quotient intellectuel) de 130 ne signifie donc ni qu'il est (ou sera) un génie, ni même qu'il réussira bien à l'école. C'est affirmer seulement qu'à une épreuve du type Binet-Simon il réalise une performance comparable à celle de la moitié (ou, selon les étalonnages référés, des trois quarts) des enfants de six ans et demi ; dans la nomologie de Wechsler, applicable à tout âge et même chez l'adulte, un tel résultat signifiera que, dans la population parente, il y a seulement 2,5 p. 100 des sujets qui fournissent une performance égale ou supérieure à celle du sujet considéré. Pour être tout à fait rigoureux, on devrait même préciser que la probabilité d'obtenir par hasard un résultat égal ou supérieur à celui-là est de 0,025.

Sur l'origine de la méthode des tests

Chose étrange mais significative, ce n'est pas dans le contexte de la psychologie médicale qu'est née d'abord l'idée des tests mentaux, mais dans celui de la psychologie expérimentale débutante, et plus précisément de cette psychologie expérimentale que Wundt (1832-1920), à Heidelberg d'abord puis à Leipzig, commençait à bâtir à partir de la psychophysique de Weber, Fechner et Helmholtz.[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

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