PSYCHOMÉTRIE
La construction d’une échelle de mesure
Construire un instrument de mesure consiste à sélectionner des questions, appelées items, qui, une fois rangées par ordre de difficulté, vont constituer une échelle de mesure. Les items représentent les graduations de l’échelle qui vont permettre de mesurer la caractéristique psychologique considérée, en situant l’individu testé à un degré déterminé de l’échelle.
Dans le cadre de la théorie classique des scores, la difficulté d’un item est déterminée en calculant la proportion d’individus qui ont réussi l’item (R) par rapport au nombre d’individus qui y ont répondu (N). Cette proportion correspond à l’indice de difficulté de l’item, représenté par le symbolep. Cet indice s’étend de 1 (item très facile, réussi par 100 p. 100 des individus) à 0 (item très difficile, échoué par tous les individus). Lorsque la cotation de l’item est pondérée et s’étend sur plusieurs niveaux, la formule générale de calcul de p prend en compte l’étendue des scores possibles. Par exemple, si la cotation de l’item va de 0 à 4 points, l’étendue des scores de cet item sera égale à 4. Le rapport R/N est alors divisé par l’étendue, comme indiqué dans la formule ci-dessous. Cette formule générale permet de comparer la difficulté de tous les items d’une même échelle, même si leurs modalités de cotation sont différentes.
Sélectionner les items appropriés afin de constituer une échelle performante est plus complexe qu’il n’y paraît au premier abord. La figure ci-dessous permet de se rendre compte de cette complexité.
Elle illustre le cas d’un test de raisonnement comprenant dix items. Ces items ont été rangés sur le continuum mesuré en fonction de leur degré de difficulté. Les cinq items les plus faciles (valeurs de p allant de 0,98 à 0,80) ont été placés à l’extrême gauche du continuum. Quant aux items les plus difficiles (valeurs de p allant de 0,30 à 0,10), ils ont été placés à l’extrême droite du même continuum. On peut constater qu’entre 0,80 et 0,30 il n’y a aucun item. La conséquence de cette absence est que les sujets A et B, qui n’ont pas la même capacité de raisonnement, vont pourtant obtenir le même score au test. Ils ont en effet réussi les cinq items les plus faciles et échoué aux cinq items les plus difficiles. Ils ont, dès lors, tous les deux cinq points et vont être considérés comme de compétence égale, alors que ce n’est pas le cas. Faute d’items au centre du continuum, ces deux personnes n’ont pas pu être différenciées. Si, en revanche, il y avait eu des items tout au long du continuum, les sujets A et B n’auraient pas obtenu le même nombre de points, et leur différence de compétence aurait pu être reconnue.Lorsqu’on sélectionne les items, il ne suffit pas d’identifier une bonne gradation de leurs indices de difficulté. Il est également important de vérifier que tous les items retenus covarient bien entre eux, c’est-à-dire qu’ils mesurent une caractéristique commune. Ce contrôle peut se faire en examinant les corrélations des items entre eux et avec le score total au test. Si un item n’est que faiblement corrélé avec les autres items et avec le score total, cela signifie que les performances à cet item n’évoluent pas de concert avec les performances aux autres items. Un tel item sera contre-productif au sein de l’échelle, car il conduira à une diminution de la variance du score total. Or, l’objectif d’un test est de mettre en évidence des différences entre les individus. Pour ce faire, il est essentiel de maximiser la variance du score total en choisissant judicieusement des items corrélés entre eux et de niveaux de difficulté bien hiérarchisés.
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Écrit par
- Jacques GRÉGOIRE : docteur en psychologie, professeur d'université
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