PSYCHOMÉTRIE
Les normes
Tester consiste toujours en une comparaison. Celle-ci peut se faire en référence à un critère défini soit a priori, soit sur la base des résultats d’une population de référence. Dans le premier cas, on parle de mesure critériée et dans le second cas de mesure normée. Les mesures critériées sont souvent utilisées dans le cadre de l’évaluation des apprentissages. Par exemple, il est fréquent d’évaluer le résultat de l’apprentissage d’une langue étrangère en référence à un niveau de maîtrise défini a priori, comme celui souhaité pour passer dans la classe supérieure ou pour réaliser une activité professionnelle spécifique. Mais les mesures critériées peuvent également être utilisées dans le domaine de la personnalité et du comportement. Par exemple, un niveau de contrôle de l’attention ou de résistance au stress peut être déterminé a priori comme indispensable pour pouvoir exercer une profession particulière.
La majorité des tests utilisés aujourd’hui sont des mesures normées. Les valeurs de référence sont alors déterminées sur la base des caractéristiques de la population dans laquelle il est prévu d’utiliser les tests. Les normes établies dans cette population vont permettre de placer des valeurs de référence sur les graduations de l’échelle de mesure. Sans normes, le test serait comme un thermomètre sans valeurs numériques. On pourrait y voir fluctuer la colonne de mercure, mais sans pouvoir la situer par rapport à certaines valeurs clés, indispensables pour interpréter le niveau observé. Les normes d’un test fournissent les valeurs auxquelles nous allons pouvoir comparer les scores obtenus par les personnes testées.
Pour établir des normes, il faut tout d’abord déterminer la population de référence. Celle-ci peut être très large (par exemple, les adultes français de vingt à quatre-vingts ans) ou beaucoup plus étroite (par exemple, les enfants sourds de trois à six ans). Cette population reste généralement trop importante pour que tous ses membres puissent être testés. Par conséquent, les normes sont estimées sur la base d’un échantillon de cette population. La taille de cet échantillon dépend de la taille de la population, de la variance des scores au sein de celle-ci et de la précision de l’estimation souhaitée. Idéalement, l’échantillon devrait être constitué de manière aléatoire en utilisant une des méthodes classiques d’échantillonnage (tirage aléatoire simple, stratifié ou par grappes). Toutefois, dans la pratique, la méthode utilisée est souvent, pour des raisons de coût, l’échantillonnage par quotas. Les chiffres du dernier recensement de la population sont alors utilisés pour définir des pourcentages au sein de diverses catégories d’individus (par exemple, le pourcentage d’hommes et de femmes, de diplômés de l’enseignement supérieur, de cadres…). Il s’agit ensuite de trouver, parmi la population, des individus appartenant aux différentes catégories considérées, en respectant les pourcentages observés dans la population. En procédant de la sorte, on obtient un échantillon qui représente, en plus petit, les principales caractéristiques de la population. Le problème de cette procédure est que l’identification des individus inclus dans l’échantillon d’étalonnage n’est jamais aléatoire. Il existe inévitablement un biais de sélection dont l’importance ne peut malheureusement pas être déterminée.
Les résultats de l’échantillon d’étalonnage au test considéré permettent de déterminer un score moyen et un écart-type. C’est à ces valeurs que les scores individuels pourront ultérieurement être comparés. Cette comparaison peut se faire en termes de scores bruts, c’est-à-dire en utilisant simplement la somme des notes obtenues aux différents items du test. Mais les scores bruts manquent de lisibilité, car ils sont souvent exprimés sur des échelles non[...]
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Écrit par
- Jacques GRÉGOIRE : docteur en psychologie, professeur d'université
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