PSYCHOMOTRICITÉ
Le développement psychomoteur de l'enfant
Wallon n'a jamais cessé de souligner « l'importance du mouvement dans le développement psychologique de l'enfant », afin de faire saisir dans le mouvement même la réalité du rapport de l'enfant avec le milieu physique, vital et humain ; cela l'amène inévitablement à rompre avec la psychologie traditionnelle, qui prend son point de départ et son type d'explication dans la conscience et, par conséquent, dans les seules images, quelles que soient les formes qu'elles revêtent (sensation, perception, mémoire, etc.). « Entre les conditions extérieures d'un acte et ses conditions subjectives, le mouvement n'est plus, dit Wallon, un simple mécanisme d'exécution, dont il resterait à dire quelles forces ou quel agent intimes sont capables de l'utiliser ; il n'est pas entre elles un simple trait d'union, il se confond avec elles. Et si étendu qu'en devienne le circuit ou le détail des opérations, chaque étape, chaque degré de son organisation est l'expression immédiate des rapports qui se sont établis entre l'individu et le milieu. » En somme, le mouvement « appartient à la structure de la vie psychique ».
Par sa nature même, en effet, il contient en puissance les différentes directions que pourra prendre l'activité psychique. Il est essentiellement déplacement dans l'espace, et revêt trois formes qui ont chacune son importance dans l'évolution psychologique de l'enfant. Il peut d'abord être passif ou exogène, c'est-à-dire dépendant de forces extérieures, au premier rang desquelles on trouve la pesanteur. Il ne peut alors provoquer que des réactions secondaires de compensation ou de rééquilibre, tels les réflexes labyrinthiques spécifiques de la période prénatale, qui sont à la tête d'une lignée qui, par étapes successives, à travers la recherche des postures nécessaires et des points d'appui appropriés, conduira l'enfant de la position couchée aux positions assise, à genoux et finalement debout. La deuxième forme de mouvement consiste dans les déplacements autogènes ou actifs soit du corps lui-même dans le milieu extérieur, soit d'objets qui s'y trouvent : locomotion ou préhension. La troisième enfin est le déplacement des segments corporels ou de leurs fractions les uns par rapport aux autres. Il s'agit de réactions posturales qui se confondent partiellement avec celles de l'équilibre dans le premier groupe, mais qui prennent un caractère plus différencié et plus psychologique : elles s'extériorisent comme attitudes et comme mimiques. Ces trois sortes de mouvements s'impliquent et se conditionnent mutuellement. Si l'on se rappelle, par ailleurs, que l'organe du mouvement sous toutes ses formes est la musculature striée avec sa double fonction clonique (raccourcissement et allongement des myofibrilles) et tonique (maintien du niveau de tension), on comprend aisément que les variations de tout cet appareil fonctionnel, d'une part, permettront à l'enfant de modifier ses rapports avec le milieu et, d'autre part, pourront être, selon les individus, plus ou moins précoces ou plus ou moins prégnantes : cela explique la diversité des complexions motrices.
Le développement psychomoteur de l'enfant passe par les principaux stades suivants : le stade impulsif des décharges motrices inefficientes du nourrisson ; le stade émotionnel, où les gestes de l'enfant deviennent utiles et tendent à exprimer à l'entourage ses exigences affectives ; le stade sensori-moteur, par lequel l'enfant, à la fois par le développement de son activité manuelle, de la station debout et de son activité phonatoire, réussit à associer plus étroitement le mouvement à ses conséquences sensibles et à opérer par là un repérage minutieux des données sensorielles rendant[...]
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Écrit par
- Michel BERNARD : agrégé de philosophie, docteur ès lettres et sciences humaines, professeur à l'université d'Avignon
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