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PSYCHOSE MANIACO-DÉPRESSIVE (histoire du concept)

Le traitement de la psychose maniaco-dépressive

La survenue d'un accès maniaque ou mélancolique requiert une hospitalisation « conservatoire » en milieu spécialisé. Dans le cadre, hautement souhaitable, d'une prise en charge de type « institutionnel », le clinicien dispose d'un certain nombre d'agents thérapeutiques qui vont de l'électronarcose (réservée aux formes « résistantes » de la mélancolie) aux psychotropes, neuroleptiques et antidépresseurs. Leur indication impose que le diagnostic soit précis et elle dépend de la forme clinique et de l'évolution de la maladie. Introduit en 1949, le lithium occupe depuis 1970 une place unique, assurant dans certains types de psychose maniaco-dépressive (la forme bipolaire à forte « charge » héréditaire, par exemple) une remarquable prévention secondaire des accès.

Les progrès des traitements biologiques n'excluent pas, pour autant, l'utilité d'une démarche psychothérapique : il ne s'agira pas tant, sauf dans des cas exceptionnels, d'une cure analytique que d'une aide permettant au malade de franchir les caps existentiels difficiles (deuils symboliques – ou réels – contemporains, ou responsables de l'accès) et de surmonter les affects ambivalents qui sont liés souvent à la question de l'« hérédité ». Consulté, le conseiller génétique a le devoir d'adopter une attitude dédramatisante aussi longtemps que resteront impossibles le dépistage précoce des sujets à haut risque et la prévention primaire d'une éventuelle psychose maniaco-dépressive.

Se situant dans une perspective « organo-dynamiste », Henri Ey considérait que la psychose maniaco-dépressive devait être envisagée « dans ses rapports avec le processus organique qui la conditionne et avec le dynamisme psychologique qui la constitue ». S'il convient d'insister sur la richesse d'une approche multidisciplinaire, il reste permis de douter qu'on puisse arriver à une synthèse, tout « éclairage » restant étroitement tributaire du champ théorique qui le sous-tend. Dans un autre ordre d'idées, on notera que chaque apport est, à sa façon, utile, à condition qu'on ne prenne pas pour une « cause » ce qui risque de n'être qu'un « reflet ».

Fait unique au sein de la pathologie psychiatrique, le rôle indiscutable d'un facteur génétique dans l'élaboration d'une vulnérabilité individuelle particulière n'élude pas pour autant celui des composantes affectives de la personnalité, qui sont particulièrement à l'œuvre dans l'apparition des accès.

— Maurice BAZOT

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Écrit par

  • : psychiatre, professeur agrégé au Val-de-Grâce

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