- 1. Perspective historique sur la place des émotions en psychothérapie
- 2. Les postulats des psychothérapies centrées sur l’émotion
- 3. Les émotions dans les modèles étiopsychopathologiques et dans la conceptualisation de cas
- 4. Les interventions psychothérapeutiques par et sur l’émotion
- 5. Bibliographie
PSYCHOTHÉRAPIE ET ÉMOTION
Les postulats des psychothérapies centrées sur l’émotion
Les différentes formes de psychothérapies centrées sur l’émotion partagent deux des postulats fondamentaux. Premièrement, l’émotion est considérée a priori comme un phénomène fonctionnel et utile. Les émotions avertissent le sujet qu’il y a potentiellement quelque chose qui se passe et qui pourrait être pertinent pour favoriser ou, au contraire, faire obstacle à un but qu’il poursuit, à un rôle (par ex., être un bon parent) qu’il investit ou encore à une valeur à laquelle il adhère. Le but premier de la psychothérapie n’est donc pas de réguler ou de supprimer l’émotion, mais bien de la ramener à sa fonction première de signal, de motivateur et d’organisateur des comportements orientés vers les buts, rôles et valeurs du sujet.
Le second postulat rend compte des dysfonctionnements émotionnels et est formulé dans le modèle du maintien de la détresse émotionnelle proposé par Barlow. Une part importante des difficultés psychologiques proviendrait de tentatives de l’individu d’échapper à une expérience émotionnelle pénible ou d’en réduire l’impact subjectif. Cependant, cette tentative d’évitement est souvent vouée à l’échec. D’une part, les émotions sont en grande partie régies par des processus automatiques involontaires, sur lesquels le sujet n’a pas de contrôle direct, ce qui empêche leur suppression volontaire. D’autre part, les émotions sont des phénomènes internes ; or, on peut difficilement tenir à l’écart de soi quelque chose qui nous habite de l’intérieur. Le second postulat des psychothérapies centrées sur l’émotion est donc que la résolution d’un trouble émotionnel passe par l’acceptation par l’individu de son vécu émotionnel. Il ne s’agit pas de se résigner, d’accepter la situation ou les faits qui ont déclenché l’émotion. Il s’agit d’accepter de ressentir en soi l’impact de cette situation, d’accueillir l’émotion qu’elle suscite et de laisser se déployer en soi les phénomènes émotionnels, en en prenant conscience, mais sans nécessairement les mettre en actes. Les thérapies centrées sur l’émotion ont donc en commun une ouverture à l’expérience émotionnelle, une exploration du vécu et de l’impact de ces expériences sur soi.
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Écrit par
- Pierre PHILIPPOT : professeur ordinaire, université catholique de Louvain (Belgique)
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