PSYCHOTHÉRAPIES
L’approche psychothérapeutique fut introduite au début du xixe siècle par le philanthrope et quaker anglais William Tuke. À la même époque, dans une perspective différente, son contemporain français, le psychiatre Philippe Pinel, développait le « traitement moral » des aliénés, fondé sur la compréhension du sujet et non sur le rejet et l’enfermement. Le terme « psychothérapie » (étymologiquement, le soin par l’esprit) est attribué à l’écrivain et médecin anglais Walter Cooper Dendy (1853) ; il fut popularisé en France par Hippolyte Bernheim à la suite de la publication, en 1891, de son livre Hypnotisme, suggestion, psychothérapie.
Après l’intérêt suscité, durant la deuxième moitié du xixe siècle, par la suggestion et l’hypnose, en France avec Charcot et en Autriche avec Josef Breuer, de très nombreuses techniques de psychothérapie vont être proposées aux malades mentaux avec des résultats diversement appréciés. Elles sont liées, au début du xxe siècle, aux grands théoriciens de l’inconscient, Pierre Janet et Sigmund Freud ainsi qu’à leurs disciples. À cette époque, selon Daniel Widlöcher (2008), « l'histoire de la psychothérapie semble traversée par deux courants qui s'entremêlent : l'un applique à des fins thérapeutiques des procédés psychologiques connus (hypnose, improvisation dramatique) ; l'autre mène de pair l'élaboration de procédés nouveaux et celle d'une théorie psychopathologique (psychothérapie morale, psychanalyse) ». Après avoir été dominé par la théorie psychanalytique, durant la première moitié du xxe siècle, le champ des psychothérapies a été investi par le comportementalisme (ou behaviorisme), à l’initiative d’un psychologue américain, John B. Watson, et par la psychologie cognitive sous l’égide du psychiatre américain Aaron T. Beck. Initialement opposés, le behaviorisme, se référant à la théorie du conditionnement, et le cognitivisme, à l’étude du traitement de l’information, sont vite apparus comme complémentaires. Ils constituent désormais le groupe des thérapies cognitivo-comportementales (TCC).
S’il est difficile de classer les différentes psychothérapies, il convient de différencier celles dites « de groupe » (psychodrame, psychothérapie familiale, de couple, institutionnelle…) et les psychothérapies individuelles dont on dénombre cinq grands types (Pichot et Allilaire, 2003) :
– les psychothérapies d’inspiration psychanalytique qui se fondent sur la relation transférentielle et dont il existe de nombreuses variantes. Elles visent à la résolution des conflits inconscients ;
– les psychothérapies cognitivo-comportementales qui sont les plus codifiées. Elles privilégient la disparition des symptômes ;
– les psychothérapies rogériennes (inspirées de Carl Rogers) dites « humanistes » qui se proposent de promouvoir l’autonomie du sujet par l’empathie et la compréhension, sans théorisation a priori. On peut y rattacher les psychothérapies dites « de soutien » ;
– les psychothérapies intégratives qui font un usage éclectique des différentes techniques et tentent d’améliorer l’équilibre entre l’affectif et le cognitif, en s’aidant du désir de changement du patient, de ses motivations et de la confiance à l’égard du thérapeute.
– les psychothérapies à médiation, qu’elles soient corporelles (relaxation) ou artistiques.
À côté de ces grandes catégories de psychothérapies, que l’on peut qualifier de structurées, il convient de rappeler que la plupart des relations soignants-soignés peuvent comporter une dimension psychothérapeutique : c’est le cas du réconfort qu’un médecin généraliste apportera à un patient souffrant d’une affection somatique, de la compassion d’une infirmière dans une unité de soins palliatifs, des mots d’encouragement d’un kinésithérapeute assurant[...]
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Écrit par
- Frédéric ROUILLON : professeur de psychiatrie
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Média