PUB-ROCK
Le circuit des pubs anglais est l'occasion pour de nombreux groupes de débuter sur la scène. Issu du rock 'n' roll et du rhythm 'n' blues, le pub-rock, musique souvent sauvage, enfantera le punk.
Les plus grands groupes de rock, comme les Rolling Stones, ont sculpté leur sonorité sur ces scènes particulières que constituent les pubs britanniques. Au cours des années 1960, d'autres formations vont se rôder dans ces pubs, par exemple The Pretty Things, qui seront d'ailleurs un temps les rivaux des Rolling Stones. Cette tradition du pub-rock continue d'influencer un son hors du commun, le plus souvent « crasseux », parfois brouillon et anarchique.
Ces groupes, attachés à leur sonorité sauvage et violente ainsi qu'à leur indépendance, prolongent un esprit qui hante le rock depuis Elvis Presley, esprit qui sera symbolisé par Jim Morrison, le leader des Doors, dont beaucoup de musiciens se réclament, sans trop l'avouer : entre 1967 et 1971, année de sa mort, son attitude sensuelle et violente, sa musique très sophistiquée et sombre, portée par un orgue liturgique, contiennent déjà en gestation le punk-rock et la new wave.
La musique que l'on joue dans les pubs est un mélange de vrai rock and roll et de rhythm and blues, dans lequel on peut déjà déceler les premières flambées punk. Le premier vrai punk, Iggy Pop, apparaît ainsi en 1969, à la tête des Stooges ; ce chanteur, maquillé, torse nu, qui prend des poses parfois grotesques, injurieuses et tente de dépasser le maître Morrison, diffuse une musique brutale, électrique. Il vient de lancer un courant et influence ces artistes et ces petits groupes jaillis du circuit pub qui, à partir de 1971, vont prendre une belle ampleur : Ian Dury, Eddie & The Hot Rods, Dr. Feelgood, combattent tous l'emphase lyrique, le glam*, les envolées « symphoniques » d'un rock devenu théâtral et prétentieux.
Le punk, issu de ce pub-rock, éclatera au milieu des années 1970 avec les légendaires Sex Pistols, auteurs d'un manifeste, Never Mind the Bollocks, Here's the Sex Pistols (1977). Ils se vantent de ne pas savoir jouer et torpillent les standards à plaisir (comme le fameux My Way, la chanson de Claude François reprise par Sinatra), s'enfoncent dans la provocation, parfois jusqu'à la mort : leur bassiste, Sid Vicious, succombe à une overdose en 1979 après avoir poignardé sa petite amie ! La devise des punks est claire : « No future ». Ils abhorrent le mouvement hippy et le pacifisme ; leur musique se caractérise par un chanté heurté, une électrification saturée, un univers chaotique aux paroles extrêmes... L'esprit et le son punk ont tout balayé à la fin des années 1970 mais ils réussiront à engendrer ce que la presse musicale baptisera new wave, un courant essentiellement londonien né des cendres laissées par le punk-rock. De la haine pure, on passera à une causticité intelligente, à un cynisme appuyé qui marquera le retour à une musique plus travaillée mais aux climats sombres, lugubres.
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Écrit par
- Stéphane KŒCHLIN : écrivain, journaliste
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