VARUS PUBLIUS QUINCTILIUS (50 av. J.-C. env.-9)
Publius Quinctilius Varus (appelé souvent, à tort, Quintilius, sans c) est né au milieu du ~ ier siècle dans une famille aristocratique et traditionaliste : son père, Sextus Quinctilius Varus, un ancien questeur, se suicida après la bataille de Philippes qui, en ~ 42, vit la défaite des républicains Brutus et Cassius face aux césariens. Après sa victoire d'Actium, en ~ 31, Octave devint seul maître du pouvoir, et il instaura un régime monarchique. Varus le Jeune se rallia sans peine au nouveau maître de Rome, et sa vie illustre bien ce que fut la « noblesse d'Empire » : il s'enrichit, épousa une petite-nièce du prince, Claudia Pulchra, et servit l'État. Dans toutes les provinces où il fut envoyé, il s'efforça de diffuser la romanisation, non sans succès du reste ; en revanche, il apparaît qu'il ne fut guère délicat sur les moyens d'accroître ses biens, et on l'accusa de multiples exactions.
Il commença la carrière des honneurs par la questure d'Achaïe, une magistrature financière, en ~ 22. Il fit sans doute partie de l'entourage du prince quand ce dernier se rendit en Orient où il vécut jusqu'en ~ 19. En ~ 15, Varus servit de lieutenant (légat) au proconsul d'Asie, et ses premières actions furent suffisamment appréciées pour lui valoir un consulat « ordinaire » en ~ 13 ; cette distinction hautement honorifique s'explique aussi sans doute par son mariage, mais il est certain que le personnage possédait de grandes qualités d'administrateur, car l'empereur lui confia ensuite de très lourdes responsabilités. Il gouverna l'Afrique en qualité de proconsul (vers ~ 7), puis la Syrie (de ~ 6 à ~ 4) avec le titre de légat impérial propréteur. Il dut organiser le procès d'Antipater, fils d'Hérode, qui était accusé d'avoir inspiré le meurtre de son père ; il lui fallut aussi réprimer une révolte, et il le fit sans douceur : il crucifia nombre de captifs, incendia Sepphoris et Emmaüs, assiégea Jérusalem. Il s'était fait accompagner de son fils qu'il avait pris pour légat, et il laissa un mauvais souvenir aux juifs, en raison de sa dureté et de ses exactions. En 7 après J.-C., encore avec le titre de légat impérial propréteur, il partit pour la Germanie. Il voulut étendre la domination de Rome sur la rive droite du Rhin et provoqua une révolte des Chattes, des Chérusques, des Bructères, menés par Arminius et Segimer. En 9, trois légions placées sous ses ordres furent anéanties ; il se suicida. Varus fut sans aucun doute un gouverneur efficace mais cupide, et un bon général qui n'eut qu'un tort : perdre sa dernière bataille.
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Écrit par
- Yann LE BOHEC : professeur à l'université de Grenoble
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