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PULSION

L'appareil pulsionnel

On s'est borné jusqu'à présent à considérer l'élément invariant de la pulsion, sa force poussante et sa manifestation la plus indifférenciée dans sa fonction de représentant psychique des excitations issues de l'intérieur du corps. Il faut considérer maintenant l'exigence de travail. Celle-ci ne peut entrer en jeu que du fait de l'hétérogénéité de l'ensemble pulsionnel, qui réunit des éléments de différente nature. La pulsion comprend, en effet, quatre éléments.

Il s'agit d'abord de la poussée, dont on a assez parlé ; mais il convient d'ajouter que les pulsions sont toujours actives et que, ce faisant, peut-on dire, elles « passivent » le sujet. Cela est à distinguer de la passivité, qui est l'expression des pulsions à buts passifs. La possibilité, au sein de la pulsion, d'un clivage entre l'activité qui est l'expression de celle-ci et l'alternance activité-passivité au niveau des buts indique qu'il faut compter parmi les propriétés fondamentales de la pulsion le retournement qui va à l'encontre du processus par lequel le but actif mime l'activité de la pulsion. En revanche, les satisfactions à but passif, lorsqu'elles concernent la pulsion sexuelle, sont sans doute celles qui suscitent le plus de défenses, si du moins l'on ne confond pas passivité et inertie.

Le deuxième élément de la pulsion est le but, lequel, on l'a vu, est toujours la satisfaction ; c'est la satisfaction qui permet la levée de la tension. Mais, s'il y a une sorte de prédétermination qui lie la satisfaction à l'« action spécifique », des variables peuvent être introduites du fait du couplage des pulsions en « paires contrastées » (exhibitionnisme-voyeurisme, sadisme-masochisme, etc.), véritable organisation dualiste de la pulsion, qui facilitent la substitution d'un but à un autre. En outre, le but est susceptible de subir une inhibition qui permet une satisfaction partielle. On peut faire l'hypothèse que l'inhibition de but est le processus par lequel on sacrifie la satisfaction complète de la pulsion en vue de conserver le lien de celle-ci avec l'objet, tandis que la recherche d'une satisfaction non inhibée a pour corollaire une permutation de l'objet, qui est l'élément le plus variable de la pulsion. Les buts se présentent d'abord comme dispersés, dépendant de la satisfaction de pulsions partielles liées au plaisir d'organe, lesquelles tendent progressivement vers la confluence sous le primat de la génitalité après la puberté. Celle-ci entraîne une réactivation des pulsions et donc une aggravation du conflit psychique.

L'objet, qui est le troisième élément, constitue le moyen par lequel la pulsion peut atteindre son but. C'est au niveau de l'objet que l'ambiguïté du fonctionnement pulsionnel est la plus grande. Car, d'autre part, il existe une tendance à la fixation aux premiers objets, mais, d'autre part, le caractère aléatoire de la satisfaction qui dépend d'eux contraint à leur remplacement, dont la forme la plus importante est la retrouvaille dans le corps propre du sujet d'un objet substitutif. Telle est la genèse de l'auto-érotisme. Le développement de la pulsion sexuelle montre le transfert de l'attachement à des objets successifs : « C'est à ce déplacement de la pulsion que revient le rôle le plus important » (Freud). Par cette possibilité de substitution, la pulsion manifeste sa part la plus psychique, qui conduit à souligner le caractère fantasmatique de l'objet.

La source, dernier facteur de la pulsion, renvoie au soubassement somatique de l'appareillage pulsionnel. Elle est sans conteste la part la plus obscure de celui-ci, la moins variable. La source est le processus qui surgit dans un organe[...]

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Écrit par

  • : psychanalyste, ancien chef de clinique à la faculté de médecine de Paris, membre de la Société psychanalytique de Paris

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