PUNA
Steppe herbeuse de haute altitude des Andes sèches, la puna est située entre 3 800 et 4 800 mètres. Son nom, qui signifie sommeil en langue quechua, souligne les difficultés physiologiques d'adaptation à l'altitude qu'y rencontrent les Indiens. C'est précisément une formation adaptée aux grands contrastes thermiques (les gelées nocturnes, qui peuvent descendre jusqu'à — 20 0C, se produisent de 100 à 300 jours par an, mais, dans la journée, lors des fortes insolations, la température peut atteindre de 30 à 35 0C). La température moyenne annuelle est comprise entre 3 et 8 0C. L'air est très sec, l'humidité atmosphérique ne représentant que le quart ou le cinquième de celle qui existe à la même latitude au niveau de la mer. Les précipitations se situent pendant l'hivernage, d'octobre à avril, tandis que des giboulées de grésil peuvent accompagner les orages de saison sèche. L'importance des pluies est variable selon les secteurs : 1 000 millimètres par an dans les régions les mieux arrosées, 200 millimètres par an dans les régions les plus sèches. Les formations végétales de la puna qui couvre près de 500 000 kilomètres carrés dans les Andes (175 000 km2 au Pérou, 200 000 en Bolivie, un peu plus de 100 000 dans le nord de l'Argentine et du Chili) présentent plusieurs aspects, selon l'importance des précipitations annuelles. Dans les secteurs les mieux arrosés, un tapis assez dense de stipas, de poas et de fetuques — l'ichu de la terminologie indienne — couvre le sol, ponctué par les boules blanches, en coussinets à piquants, d'Opuntia floccosa, liées souvent au surpâturage. Dans les creux humides s'étendent des tourbières à Distichia muscoides, tandis que sur quelques éboulis stabilisés se conservent des boisements de Polylepis (les quinoars des Indiens), témoins d'une forêt claire d'altitude jadis probablement plus étendue. Dans les secteurs les plus secs (sud du Pérou, Bolivie occidentale, nord du Chili), le couvert végétal est discontinu et composé de plantes ligneuses ou résineuses : ce sont les boules vertes à croissance très lente de la yareta (Azotella yareta) ou les arbustes de la ctola (Lepidophylum quadfangulare), parfois les grandes hampes des Puya Raimondi qui fleurissent une fois tous les dix ans. La puna constitue le pâturage des auquenidés, sauvages comme la vigogne ou le guanaco, domestiqués comme le lama ou l'alpaga, auxquels sont venus s'ajouter, depuis la conquête, les moutons et les vaches. L'élevage extensif était pratiqué, jusqu'aux réformes agraires entreprises en Bolivie en 1954 et au Pérou en 1969, dans le cadre de grandes haciendas de plusieurs milliers ou dizaines de milliers d'hectares, souvent mal acceptées par la paysannerie indienne locale. Ces grands domaines ont été transformés en coopératives ou répartis entre les communautés indiennes. Les densités animales, dans ce milieu froid, peu productif, sont faibles : un mouton à l'hectare dans le meilleur des cas et même plus souvent un mouton pour 5 et même 10 hectares.
On constate dans les Andes centrales l'extension des surfaces planes ou faiblement ondulées, tronquant des séries plissées et formant un relief de hauts plateaux. Il s'agit de « surfaces d'érosion » que Isaiah Bowmann, lors de ses voyages scientifiques dans les Andes au début du xxe siècle, avait baptisées « surface de la puna ». L'expression est restée et désigne dans les Andes de hautes surfaces d'érosion élaborées pour l'essentiel dans la seconde moitié du Tertiaire, avant et pendant le grand soulèvement plioquaternaire. Parfois, la « surface de la puna » est fossilisée par des épanchements volcaniques.
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Écrit par
- Olivier DOLLFUS : professeur à l'université de Paris-VII (géographie)
Classification
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ANDES CORDILLÈRE DES
- Écrit par Jean-Paul DELER et Olivier DOLLFUS
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- Écrit par Jacques BRASSEUL , Encyclopædia Universalis , Romain GAIGNARD , Roland LABARRE , Luis MIOTTI , Carlos QUENAN , Jérémy RUBENSTEIN , Sébastien VELUT et David COPELLO
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