PURĀṆA
Analyse des mahāpurāṇa
Le Brahmā Purāṇa vient en tête de toutes les listes ; aussi l'appelle-t-on également Ādipurāṇa, « le premier des purāṇa » ; on le désigne parfois comme Saura Purāṇa, texte des adorateurs du Soleil, car on y trouve trace d'un culte solaire mêlé à une description de lieux sacrés, entre autres de l'Orisā où s'élève, à Konarak, le plus beau temple au Soleil de l'Inde, très postérieur à l'époque des purāṇa, mais qui a dû perpétuer au même endroit un culte plus ancien.
Le Padma Purāṇa, un des plus longs et des plus composites, abonde en détails concernant le culte vichnouite sous la forme assez récente qu'il revêt dans le Sud. Le dernier chapitre est de composition tardive, car il cite le Bhāgavata Purāṇa.
Le troisième mahāpurāṇa, le Viṣṇu Purāṇa, qui est bien entendu d'obédience vishnouite, rend surtout hommage à l'avatāra de Kṛṣṇa. Il suit d'assez près les pañcalakṣaṇa et apparaît comme le livre saint de la secte des pāñcarātra, tradition ancienne qui, vers le xe siècle, s'est développée dans le sud de l'Inde sous la forme du śrīvaiṣṇavisme : on y rend le culte à la fois au dieu et à sa parèdre.
L'incertitude quant à l'appellation du quatrième, les uns l'appelant Śiva Purāṇa, les autres Vāyu Purāṇa, vient peut-être de ce que le caractère sectaire y est peu marqué. Il y est pourtant fait allusion à une secte shivaïte importante et ancienne, celle des pāśupata, ainsi qu'à une forme particulière de celle-ci, celle des lakuliśapāśupata.
Le Bhāgavata Purāṇa est le livre sacré des bhāgavata, dévots de Viṣṇu, qui est révéré sous le nom de Bhagavant, le « gracieux seigneur ». Le Padma Purāṇa le cite comme le dix-huitième, et ajoute qu'il contient la substance de tous les autres. En gros, il se conforme au modèle du Viṣṇu Purāṇa, bien plus ancien. Originaire du sud de l'Inde, il n'est, on l'a vu, guère antérieur au xe siècle. C'est peut-être, de tous ces textes, le plus imprégné de doctrines sāṃkhya en même temps que d'advaita.
Le Nārada ou Nāradīya Purāṇa, assez récent, n'offre pas les caractères d'un véritable purāṇa : c'est une simple compilation sectaire, fortement marquée de vichnouisme.
En revanche, le Mārkaṇḍeya Purāṇa, très différent de tous les autres, ne présente rien de sectaire ; peu religieux, il s'intéresse surtout aux préceptes rituels ou moraux. Il contient toute une série de questions posées par Jaimini, disciple de Vyāsa, à Mārkaṇḍeya, au sujet de la vraie nature de Vāsudeva, c'est-à-dire de Kṛṣṇa, et sur certains personnages du Mahābhārata. Comme dans l'Ādipurāṇa on trouve de nombreuses traces d'un ancien culte solaire.
Quant à l'Agni Purāṇa, mi-vishnouite, mi-shivaïte, il a joint à ce que lui dictait cette obédience mixte des emprunts au culte traditionnel dans la ligne védique et des éléments empruntés aux saura, les adorateurs du Soleil, aux pāñcarātra, forme sectaire du vichnouisme, et aux gāṇapatya, fidèles d'une secte vouée à Ganeśa, le dieu à tête d'éléphant, fils de Śiva.
Le Bhaviṣya Purāṇa se veut un livre de prophéties, livre du bhaviṣya, c'est-à-dire de l'avenir. Ce n'est pas un véritable purāṇa. Il parle bien de cosmogonie, mais en fait il démarque les Lois de Manu, traité des environs de notre ère. Le reste de l'ouvrage traite des rites, de cérémonies variées, en y entremêlant des légendes qui rapportent sur un ton prophétique des événements du passé dont la révélation est censée s'être produite agre, à l'origine. Le texte continua de s'amplifier avec les siècles, jusqu'à donner dans les dernières éditions des prédictions touchant les événements[...]
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Écrit par
- Anne-Marie ESNOUL : directeur d'études honoraire à l'École pratique des hautes études (Ve section)
Classification
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- Écrit par Encyclopædia Universalis
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Ouvrage qui compte parmi les plus illustres des textes sacrés hindous de langue sanskrite, connus sous le nom de Purānas. C'est le livre sacré des Bhāgavatas, dévots de Vishnu, qui est vénéré sous le nom de Bhagavant, le « Gracieux Seigneur ». Le Bhāgavata Purāṇa (« Histoires...
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