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PURISME, mouvement artistique

Le Corbusier - crédits : Walter Limot/ AKG-images

Le Corbusier

Le purisme est une doctrine esthétique formulée par les peintres Amédée Ozenfant et Charles Édouard Jeanneret (connu comme architecte, à partir de 1920, sous le pseudonyme de Le Corbusier), qui en ont fait connaître le programme au moyen d'un petit livre, Après le cubisme, publié au lendemain de l'armistice de 1918. Il est né d'une critique du cubisme et de son héritage sur fond d'une guerre, la première grande conflagration mondiale, qui s'est également jouée – et avec non moins de violence – sur le terrain des valeurs culturelles. Le cubisme s'est en effet trouvé au cœur d'une véritable bataille idéologique, déterminant deux attitudes possibles. Dénoncé dès avant la guerre comme fondamentalement étranger à la sensibilité française, il fera chez certains l'objet d'un rejet pur et simple, laissant la place au développement des tendances les plus réactionnaires : ce sera le « rappel à l'ordre » des années d'après guerre – au risque de voir l'art de Braque et de Picasso passé par pertes et profits du combat que la propagande du temps décrit comme celui des nations latines contre les peuples barbares. De leur côté, les défenseurs de l'avant-garde s'activent au contraire à une sorte de « nationalisation » du cubisme, présenté comme l'avatar moderne d'un esprit classique et méditerranéen qui se serait transmis à travers les âges jusqu'à Cézanne et ses héritiers. C'est dans le contexte de ce conflit d'idées, dont l'enjeu n'est ni plus ni moins que la sauvegarde des acquis de l'avant-garde et de son esprit de recherche, qu'Ozenfant et Jeanneret apportent leur réponse spécifique. L'originalité, cependant, de leur position dans le paysage artistique de l'après-guerre est encore source de difficultés d'interprétation ; le purisme constitue-t-il bien l'apport le plus engagé, malgré son ancrage dans des valeurs classiques, à la défense d'un esprit nouveau, ou n'est-il que la composante la moins nostalgique d'un phénomène général de retour à l'ordre ? Cette indétermination montre que le purisme a sans doute réussi à occuper un point d'équilibre, ou à trouver une seconde voie, entre tradition et avant-garde, modernité et nostalgie.

Du cubisme au purisme

La première apparition du mot « purisme » se trouve dans le huitième et dernier numéro (décembre 1916) de L'Élan, revue au titre patriotique fondée en avril 1915 par Amédée Ozenfant (1886-1966), et qui participa activement à la défense « nationaliste » du cubisme (sous la plume d'André Lhote par exemple). Dans un article polémique, intitulé « Notes sur le cubisme », Ozenfant dressait un bilan en demi-teinte du cubisme, étape nécessaire mais insuffisante de la rénovation de l'expression picturale. Si « le cubisme a réalisé déjà en partie son dessein puriste de nettoyer la langue plastique des termes parasites », disait-il, il n'en est pas moins resté en chemin ; « le cubisme est un mouvement de purisme » qui doit être porté plus loin. Ozenfant, à partir de ce constat, a déjà jeté les notes de ce qui constituera une grande part d'Après le cubisme, lorsqu'il rencontre, à la fin de l'année 1917, par l'intermédiaire de l'architecte Auguste Perret, l'un des anciens dessinateurs de ce dernier : Charles Édouard Jeanneret (1887-1965), qui se fera connaître comme architecte, à partir de 1920, sous le pseudonyme de Le Corbusier. Leur complicité intellectuelle immédiate se fonde sur une complémentarité exemplaire : Ozenfant fait découvrir à son ami l'avant-garde picturale, il le met au courant des débats qui la traversent et l'incite à commencer une carrière de peintre, tandis que Jeanneret, de son côté, stimule l'intérêt d'Ozenfant pour le[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art à l'université de Grenoble-II-Pierre-Mendès-France

Classification

Média

Le Corbusier - crédits : Walter Limot/ AKG-images

Le Corbusier

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  • LE CORBUSIER (1887-1965)

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    ...leur première exposition commune en 1918, les deux amis publièrent un manifeste, Après le cubisme, et fondèrent un nouveau mouvement artistique : le purisme. Comme son nom l’indique, il s’agissait de dépasser ce courant par un retour à un ordre classique, avec des compositions frontales de sujets dénués...
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  • OZENFANT AMÉDÉE (1886-1966)

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    Après avoir suivi les cours de l'école de dessin de Saint-Quentin, Ozenfant vient à Paris pour y apprendre l'architecture. Il fonde avec Max Jacob et Apollinaire la revue L'Élan pour établir une liaison avec les artistes et le front (1915-1917). En 1917, il rencontre Charles-Édouard...