PURITANISME
Le puritanisme américain
On peut distinguer deux vagues dans l'émigration puritaine durant la première moitié du xviie siècle.
La première est celle des célèbres « Pères Pèlerins » ( Pilgrim Fathers), puritains séparatistes des comtés du nord de l'Angleterre. Après un exil de douze ans à Leyde, ils craignirent que leur postérité ne devînt hollandaise et ne fût corrompue par un milieu qu'ils estimaient moralement peu élevé et parfois enclin à l'hérésie. Leur émigration sur le Mayflower fut en partie financée par des marchands de Londres. Débarquant en novembre 1620 sur la côte du cap Cod, ils fondèrent New Plymouth, et subirent les épidémies et la famine ; l'hospitalité des Indiens, qui leur apprirent à cultiver le maïs et à utiliser le poisson comme engrais, permit à quelques dizaines d'entre eux de subsister. Une seconde vague d'émigration, numériquement plus importante, commença en 1630, un an après la dissolution du Parlement par Charles Ier. Ces nouveaux puritains, qui étaient des non-conformistes de condition sociale plus aisée que les Pères Pèlerins, apportèrent avec eux des capitaux qui leur permirent de remédier aux insuffisances du sol. Ils s'établirent dans la baie du Massachusetts.
Les puritains de la Nouvelle-Angleterre se considéraient comme le peuple élu de Dieu, reprenant pour leur bénéfice exclusif la tradition chrétienne selon laquelle l'Église serait le « Nouvel Israël », la continuatrice du peuple hébreu de l'Ancien Testament. Pour eux, l'Amérique était la « Nouvelle Jérusalem », le refuge choisi par Dieu pour ceux qu'il voulait préserver de la corruption ou de la destruction générale, tandis que les Indiens représentaient les restes d'une « race maudite » que le « Démon » avait conduite lui-même dans ce continent afin de la gouverner tranquillement. Ces idées permirent parfois de justifier théologiquement les spoliations que les colons firent subir aux indigènes.
Bien qu'ils eussent déclaré, dans leur grande majorité, être des membres fidèles de l'Église d'Angleterre, les puritains organisèrent leurs communautés sur un modèle congrégationaliste. L'église était considérée comme le centre de la vie religieuse, politique et sociale. Pour être membre de la congrégation, il fallait raconter publiquement sa « conversion » et être élu par les autres membres. La plupart des habitants de la cité fréquentaient l'église sans en être membres et donc (jusqu'à la fin du xviie siècle) sans jouir des droits de citoyen. Enfin, les « réprouvés » étaient pourchassés par le pouvoir civil. Les ministres du culte, choisis par la communauté en son sein, n'avaient pas de supérieur écclésiastique. En 1648, le Synode de Cambridge ratifia la « Confession de Foi » de Westminster.
En une époque où la religion et la politique étaient inextricablement liées, le puritanisme se servit du magistrat pour condamner ceux qu'il estimait hérétiques. G. L. Hasking et d'autres auteurs ont, cependant, montré que, contrairement à la légende, les législateurs puritains n'ont pas suivi aveuglément la loi mosaïque. Ils ont créé une république religieuse, non une république biblique. Et le puritanisme, d'autre part, inculquait l'esprit de résistance à ses membres en rupture de ban ; certains de ses adeptes même préférèrent un second exil à la soumission. Roger William, auteur de deux « hérésies » (l'une affirmait que les droits des Indiens sur le sol de la Nouvelle-Angleterre étaient les seuls authentiques, l'autre déniait aux magistrats civils les pouvoirs ecclésiastiques), alla fonder le Rhode Island, berceau du baptisme et asile de la liberté religieuse. Persécutés, les quakers se réfugièrent en Pennsylvanie, où ils se montrèrent tolérants. Lors des[...]
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Écrit par
- Jean BAUBÉROT : directeur d'études émérite du groupe Sociétés, religions, laïcités au C.N.R.S.
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