PYONGYANG
Capitale de la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord), Pyongyang s'étend sur une vaste aire administrative d'environ 2 000 kilomètres carrés dont la population est estimée à moins de trois millions d'habitants en 2008 pour l'ensemble des douze districts qui la composent.
Située dans une région de plaines fertiles de la basse vallée du fleuve Taedong, Pyongyang débute sa longue histoire au milieu du ve siècle en devenant la capitale de Koguryŏ, le royaume « nordiste » de l'Antiquité coréenne. Organisée selon les canons de la planification chinoise, Pyongyang connaît une première période de rayonnement aux vie et viie siècles de notre ère : avec environ 1 million d'habitants, elle aurait été la seconde ville d'Asie après la capitale chinoise, Xi'an. Devenue « capitale de l'Ouest » (Sŏgyŏng) du royaume médiéval de Koryŏ (xe-xive s.), Pyongyang connaît ensuite une phase de relatif déclin, mais reste longtemps la deuxième ville de Corée après Séoul, avec environ 100 000 habitants à la fin du xixe siècle. La colonisation japonaise (1910-1945) marque une période de forte croissance et d'industrialisation de la ville, mais Pyongyang est ensuite très durement affectée à la libération (1945) par la partition de la péninsule en deux États (1948) qui s'affrontent au cours d'une guerre meurtrière entre 1950 et 1953. Presque rasée par les bombardements, Pyongyang est reconstruite pour être la vitrine du pouvoir nord-coréen, regorgeant de bâtiments ostentatoires à l'architecture monumentale. Une planification urbaine sur le modèle soviétique appliquée dans un contexte de contrôle étendu des populations explique que la ville n'ait pas à souffrir de la congestion urbaine. Compte tenu du trafic, les grands axes de circulation semblent même surdimensionnés.
L'inclusion de districts ruraux et de districts suburbains dans la zone métropolitaine de Pyongyang entraîne l'existence d'une fonction agricole qui s'est renforcée depuis la grande crise du milieu des années 1990 et qui traduit la précarité de la situation alimentaire, même autour de la capitale nord-coréenne qui est pourtant la résidence des élites du pays. Les fonctions principales de la ville sont néanmoins l'industrie, avec des industries lourdes en périphérie et des industries légères (agroalimentaire, petite industrie mécanique, pharmacie, textile) dans la ville même. Le secteur tertiaire est marqué par la prépondérance absolue du tertiaire d'encadrement (politique et administration) : au cœur du centre-ville, une véritable « cité interdite » abrite les bâtiments du parti et les résidences de ses élites suprêmes. À l'exception de cinq grands magasins d'État ou coopératifs, et de quelques grands hôtels internationaux (Koryo Hotel, Yanggak-to Hotel), le centre de Pyongyang offre le visage d'un Central Business District encore sans affaires et sans commerces.
L'évolution de la ville au début du xxie siècle traduit enfin les changements survenus à la suite des réformes de 1998 et de 2002. Certes, les paysages sont toujours massivement investis par l'idéologie socialiste (slogans coiffant les bâtiments, affiches de propagande bordant les larges avenues), qui imprègne aussi les modes de vie d'une ville plutôt sûre et ordonnée, largement entretenue par ses citadins engagés dans des travaux d'intérêt collectif. Mais la crise économique est évidente dans l'état des équipements (dysfonctionnement des transports collectifs), tandis que les réformes ont abouti à l'ouverture de deux marchés, tout en suscitant l'apparition timide d'un petit commerce de rue, encore très fragile, car soumis aux aléas de la politique intérieure.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Valérie GELÉZEAU : maître de conférences habilitée à diriger des recherches à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
Classification
Médias
Autres références
-
CORÉE - Géographie
- Écrit par Valérie GELÉZEAU et Jacques PEZEU-MASSABUAU
- 1 829 mots
- 2 médias
...au sud, la plaine de Séoul au centre (que prolonge vers le nord-est la dépression de Séoul-Wŏnsan, couloir effondré rempli de basalte), celle de Pyongyang au nord. Tout le reste du pays constitue un formidable ensemble montagneux où l'on peut distinguer deux régions. Au nord, le plateau de Kaema,... -
CORÉE - Cinéma
- Écrit par Adrien GOMBEAUD et Charles TESSON
- 3 480 mots
...et manuel à l’usage des cinéastes qui fait encore référence. Il supervise la production de nombreux films, initie la création d’un musée du cinéma… Pyongyang compte trois studios : le Studio des films artistiques (divisé en plusieurs coopératives), le Studio du 8 février (qui est supervisé par l’armée... -
CORÉE DU NORD
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Valérie GELÉZEAU et Jin-Mieung LI
- 9 001 mots
- 8 médias
...Le territoire nord-coréen se caractérise aussi par une ségrégation socio-spatiale à l'échelle nationale, du centre politico-social – la capitale Pyongyang est le lieu de résidence des élites et des cadres du Parti – aux provinces centrales où se situent la plupart des camps de travail, qui détiendraient... -
JAPON (Le territoire et les hommes) - Histoire
- Écrit par Paul AKAMATSU , Vadime ELISSEEFF , Encyclopædia Universalis , Valérie NIQUET et Céline PAJON
- 44 405 mots
- 52 médias
...diplomatique. Le Japon se retrouve marginalisé sur le dossier nucléaire nord-coréen après la volte-face de Donald Trump en faveur d’un dialogue avec Pyongyang en 2018. Abe Shinzō ne peut également résoudre la question des Japonais kidnappés par la Corée du Nord – on estime qu’au moins dix-sept citoyens...