PYRAMIDE DES ÂGES

Application au cas français

La pyramide des âges de la figure 1 porte ainsi la trace de l'histoire démographique de la France au cours du xx^e siècle. La stabilité de la fécondité depuis 1975 se retrouve dans le niveau presque constant des effectifs des habitants de moins de trente ans, environ 760 000 à chaque âge. Entre trente-deux et cinquante-neuf ans, les effectifs sont beaucoup plus nombreux : 850 000 environ par année d'âge. Cela est dû au fait que, de 1946 à 1973, les naissances furent plus nombreuses, la France connaissant à cette période une très forte fécondité. Beaucoup de pays européens ont connu ce phénomène, connu sous le terme baby-boom, dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale.

Les naissances ayant été peu nombreuses pendant la Seconde Guerre mondiale, les effectifs des soixante - soixante-cinq ans sont faibles. À partir de soixante-cinq ans, les hommes sont moins nombreux que les femmes, et le déséquilibre augmente avec l'âge, en raison de la forte surmortalité des hommes, tout au long du siècle, par rapport aux femmes. À quatre-vingt-cinq ans, les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes ; à cent ans, elles sont cinq fois plus nombreuses.

Entre quatre-vingt-six et quatre-vingt-dix ans, un creux dans la pyramide montre des effectifs beaucoup moins nombreux, les naissances ayant été particulièrement rares durant la Première Guerre mondiale ; on parle de « générations creuses ». Le léger déficit visible dans la pyramide entre soixante-cinq et soixante-quinze ans s'explique à la fois par le fait que les générations creuses nées entre 1915 et 1920 étaient alors en âge d'avoir des enfants et par la faible fécondité notée au cours des années 1930.

Les migrations passées sont relativement peu visibles sur la pyramide des âges car, en France, l'immigration a été diffuse au cours du xx^e siècle, sans se concentrer sur certains âges ou certaines années.

La pyramide des âges porte donc la trace du nombre des naissances et de la mortalité au cours des années passées. Elle permet également de décrire les avenirs possibles. D'après les projections de population réalisées par l'I.N.S.E.E. en 2006, on peut comparer la population en 2005 et en 2050, selon trois scénarios. Le scénario central prolonge les tendances des années 1990 à 2005 ; les deux autres scénarios résultent d'hypothèses haute et basse en termes de fécondité, de longévité et de migrations. L'augmentation du nombre de personnes de soixante ans ou plus est massive dans tous les scénarios : les personnes qui seront âgées de soixante ans ou plus en 2050 sont déjà nées aujourd'hui, elles figurent dans la pyramide de 2005 et l'incertitude quant à leur nombre ne porte que sur les migrations et la longévité. La France métropolitaine comptait, en 2005, 12,6 millions de personnes de plus de soixante ans ; en 2050, elles seront de 20 à 24 millions, selon les différents scénarios. Pour la tranche qui s'arrête à quarante-cinq ans, l'incertitude est plus forte, puisque ces personnes ne sont pas encore nées, nées en 2005, point de départ des projections, et la fourchette augmente au fur et à mesure que l'âge est faible : les nouveau-nés de 2050 naîtront en 2049, et leurs parents ne sont pas encore nés... Mais, d'après le scénario central, les effectifs à chaque âge avant soixante ans pourraient rester constants. Au total, ces pyramides des âges résument ainsi les changements que pourrait connaître la population de la France d'ici à 2050.