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QASHQAI ou KACHKAI

Confédération de douze tribus vivant dans le sud de l'Iran, dans la province du Fārs, au sud-est des monts Zagros. Ce sont des nomades dont les lieux d'hivernage (qislaq) sont situés près de Firozabad ; au mois d'avril, ils partent vers les lieux d'estivage appelés ailaks et localisés au sud d'Ispahan. Le trajet parcouru lors de la transhumance est de l'ordre de 500 kilomètres. Les Qashqai se disent les descendants de peuples turcs, les Khaladj, mentionnés par Istakhri comme étant une des vingt-deux tribus guz venues d'Asie centrale au xie siècle. Leur parler est un dialecte turc, proche du turkmène et de l'azeri. Les cinq tribus principales qashqai sont : les Dare Shuri, les Sheshbaluki, les Farsimadan, les Amale et les Kashkuli Bozurg, lesquelles formaient une importante confédération sous le règne de Kerim khān, de la dynastie des Zend (1750-1779). Celui-ci avait choisi Jani Agha comme chef des tribus du Fārs, ou ilkhani, lequel était assisté par l'ilbegi, sorte de secrétaire chargé de lever l'impôt. Au xixe siècle, les ilkhani qashqai contrôlent aussi les tribus khamseh. Après la grande famine de 1871 au cours de laquelle les tribus sont décimées, les Qashqai entrent dans une longue période d'indiscipline, de brigandages, d'anarchie. Ils harcèlent continuellement les populations sédentaires et les gens du gouvernement central ; les tribus qashqai s'enrichissent alors grâce aux pillages. En 1911, le nombre de leurs membres était évalué à 200 000. À la fin du xxe siècle (1997), il était estimé à 1 500 000.

Après l'arrivée au pouvoir de Reza shāh, les Qashqai sont désarmés, soumis et sédentarisés de force. Les chefs sont emprisonnés. Le gouvernement de Téhéran, invoquant des raisons de sécurité nationale, ne veut pas comprendre que les tribus refusent de se laisser sédentariser. Le shāh les oblige à payer tribut à l'armée impériale. L'appauvrissement oblige les Qashqai à descendre vers les plaines et à y trouver du travail (construction de routes, transport, travaux agricoles). Une fois dans les plaines, ils sont obligés de s'installer sur des terres insalubres où sévit la malaria. Ceux qui restent sur les hauteurs sont privés de tout : les puits leur sont interdits ; leurs troupeaux sont volés et massacrés. Les chefs de clan sont remplacés par des incapables, soudoyés par le gouvernement. Leurs biens sont confisqués, sous le prétexte qu'il faut de l'argent pour travailler à leur bien-être, mais les Qashqai ne reçoivent rien. Les tribus profitent de la chute de Reza shāh, en 1941, pour secouer le carcan de l'oppresseur, retourner à la vie nomade et déterrer les armes. Les khāns reviennent dans leurs tribus, où ils retrouvent pouvoir, biens et privilèges. Nassir khān, emprisonné en 1933, s'échappe de sa prison en 1941 et redevient ilkhani. Il est alors un véritable roi dans l'Empire d'Iran. Les territoires non qashqai jouissent d'une quasi-indépendance ; Nassir khān refuse de payer l'impôt et de prêter allégeance au gouvernement.

Chaque tribu se divise en unités de nomadisation — de 40 à 200 tentes chacune mais qui vivent en symbiose avec les populations sédentaires. Considérés comme citoyens à part entière, les Qashqai s'en remettent moins à l'administration centrale qu'au pouvoir de leurs ilkhani, lesquels gouvernent selon le droit coutumier turc (adat). Le pouvoir des ilkhani est installé à Shiraz. Ce sont eux qui décident de la migration, s'occupent des affaires tribales et rendent justice. Ils ont reçu une éducation moderne, ont été formés en Europe et aux États-Unis ; ils sont appointés par l'administration centrale.

La société qashqai est divisée en cinq classes : la classe supérieure, à laquelle appartiennent les ilkhani ; celle des anciens,[...]

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