QATAR
Nom officiel | État du Qatar (QA) |
Chef de l'État et du gouvernement | L'émir Cheikh Tamim ben Hamad al-Thani (depuis le 25 juin 2013). Premier ministre : Cheikh Mohammed ben Abderrahmane al-Thani (depuis le 7 mars 2023) |
Capitale | Doha |
Langue officielle | Arabe |
Unité monétaire | Rial du Qatar (QAR) |
Population (estim.) |
2 986 000 (2024) |
Superficie |
11 637 km²
|
Une affirmation diplomatique tous azimuts
Le Qatar pratique également une diplomatie active, sous la conduite de l'influent ministre des Affaires étrangères (et Premier ministre) Hamad bin Jasim bin Jaber Al-Thani (d'une branche mineure de la dynastie). Elle constitue fondamentalement une stratégie de protection face à des menaces régionales et d'autonomisation par rapport à l'Arabie Saoudite, qui était considérée comme le parrain du Qatar jusqu'en 1995 et comme soutien des opposants de l'émir Hamad depuis lors ; une réconciliation a lieu en 2008 dans le contexte de la montée en puissance régionale de l'Iran et à l'heure de perspectives de retrait militaire américain d'Irak.
Du rôle d'allié et médiateur...
L'émir Hamad, dès son accession au pouvoir, fait de son pays un allié clé des États-Unis (en renforçant la coopération de défense entre les deux pays), assurant dès 1998 un rôle de base régionale avancée semblable à celui de l'Arabie Saoudite (où la contestation interne monte à propos de la présence américaine), avec le camp As-Sayliyah (une base essentielle de prépositionnement de matériel). Cette fonction est renforcée après 2002-2003 (et le retrait des principales forces américaines d'Arabie Saoudite), avec le rôle d'Al-Udeid, la plus grande base aérienne américaine du Moyen-Orient, située non loin du siège d'Al-Jazirah. C'est de cette base avancée du commandement central de l'armée américaine, dont l'aire de responsabilité stratégique est le Moyen-Orient et l'Asie centrale, qu’ont été menées après 2001 les guerres d'Afghanistan et d'Irak. Le Qatar maintient cette alliance de sécurité américaine essentielle, non sans contradictions avec d'autres éléments de sa diplomatie, par exemple avec la ligne éditoriale d'Al-Jazirah, ou en tout cas en s'efforçant de gommer les principales contradictions. À partir de la guerre américaine en Irak (2003), une reprise en main de la chaîne intervient, entraînant une diminution des débats contradictoires et une ligne moins critique vis-à-vis des États-Unis.
Les réformes politiques et économiques menées par le haut, la politique médiatique d'Al-Jazirah, et la stratégie diplomatique qatarie incluant l'alliance américaine concourent à assurer la spécificité, donc l'indépendance, du Qatar face à ses voisins qui l'apprécient peu, en premier lieu l'Arabie Saoudite (qui n'a reconnu l'émir Hamad que sous pression de Washington), sans compter les nombreux États que la liberté de ton d'Al-Jazirah froisse. Ces traits valorisent également le pays aux yeux des États-Unis (par la libéralisation affichée, les droits accordés aux femmes, etc.). Les relations du Qatar sont apaisées avec Téhéran – le petit émirat a besoin de stabilité régionale et partage avec l'Iran sous embargo un gisement gazier gigantesque –, mais empreintes de méfiance – le Qatar a une minorité d'origine iranienne importante. Doha est plus prudent que Riyad, par exemple sur le dossier du nucléaire iranien après 2002, concernant les perspectives d'intervention militaire qui pourraient provoquer un embrasement régional.
Mais le Qatar entend également se projeter diplomatiquement, dans le cadre de médiations régionales : au Liban en 2007-2008, en consultation avec l'Arabie Saoudite, l'Iran et la Syrie (l'accord de Doha, en mai 2008, permet l'élection d'un président de la République et la formation d'un gouvernement d'unité nationale à l'heure de la montée en puissance du Hezbollah) ; au Yémen en 2007 (dans le conflit avec la rébellion houthi) ; au Darfour en 2008 ; après la crise de Gaza en 2009 ou entre mouvements palestiniens déchirés en 2012. Le Qatar comble un vide diplomatique et reprend une tradition[...]
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Écrit par
- André BOURGEY : professeur émérite des Universités
- Philippe DROZ-VINCENT : professeur des Universités en science politique
Classification
Médias
Autres références
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ARABIE SAOUDITE
- Écrit par Philippe DROZ-VINCENT , Encyclopædia Universalis et Ghassan SALAMÉ
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