QI BAISHI[TS'I PAI-CHE](1863-1957)
Lavis et couleur, dessin poussé et tache d'encre
À l'âge de cinquante-cinq ans, Qi rencontra la deuxième personne qui allait influencer sa vie artistique : Chen Hengge. Peintre et critique, Chen emporta les peintures de Qi au Japon pour les faire exposer. Ce fut la réussite immédiate. Toutes les peintures furent vendues et la notoriété de Qi dépassa désormais la frontière chinoise.
Sur le conseil de Chen, Qi Baishi créa le style dit « fleurs rouges au feuillage d'encre » (honghua moye), qui consistait à employer des couleurs vives en contraste avec le lavis noir. L'effet fut tout à fait comparable à celui du fauvisme occidental, vigoureux et décoratif. La peinture chinoise lui doit sans doute cette prise de conscience du rôle des couleurs, élément toujours considéré comme secondaire dans la représentation picturale en Chine.
L'antagonisme de Qi Baishi se manifeste aussi par son mode d'expression. Dessin poussé et taches de couleurs se marient avec harmonie dans un même tableau. Une des séries des albums consacrés aux insectes appartient à ce style : le dessin minutieux des insectes est volontairement accompagné de fleurs du style « sans os » (mogu hua), « projetées » à l'aide de couleurs vives ou encore d'encre éclaboussée. Dans La Guêpe, le grillon et le volubilis, il y a même un double contraste : d'un côté, le jaune de chrome du volubilis et ses feuilles noires ; de l'autre, les taches de couleurs et d'encre qui s'opposent au dessin méticuleux du grillon et de la guêpe. Sujets banals mais exprimés d'une façon audacieuse, ce sont là les caractéristiques des œuvres de Qi Baishi.
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Écrit par
- M. M. CHIN : docteur de troisième cycle en histoire de l'art, chargée de cours à l'université de Paris-I
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