QUATERNAIRE
Le terme quaternaire a été créé en 1829 par le géologue français Jules Desnoyers pour décrire les formations les plus récentes du bassin de Paris. Il représente la période de temps la plus récente et la plus courte de l'échelle stratigraphique. Il est essentiellement caractérisé par des cycles climatiques (alternance de phases glaciaires et interglaciaires), liés à des changements globaux, et par l'évolution des hominidés au sens restreint du terme, c'est-à-dire le genre Homo et ses prédécesseurs directs, les australopithèques et apparentés.
Le Quaternaire en tant qu'ère géologique, faisant suite à l'ère tertiaire (aujourd'hui Cénozoïque), n'est plus reconnu par la commission de stratigraphie internationale (I.C.S., International Commission on Stratigraphy). Depuis plusieurs années, dans la recherche d'une échelle des temps géologiques reconnue par tous, le Quaternaire fait l'objet de vives discussions au sein de la communauté scientifique. En effet, son statut, sa position, son rang hiérarchique, voire son existence même, sont remis en question. Certains proposent de faire disparaître le terme Quaternaire en tant que système et même période. De ce fait, le Néogène, dont la base est datée à quelque 23 millions d'années (Ma), s'étendrait jusqu'à l'actuel. Pour d'autres stratigraphes et la majorité des quaternaristes, le Quaternaire est une unité de temps couvrant la période allant de — 2,6 Ma jusqu'à l'actuel. Elle comprend le Pléistocène (de — 2,6 Ma à — 10 000 ans) et l'Holocène (derniers 10 000 ans).
La compréhension de la naissance, de la croissance et du retrait des calottes glaciaires est fondamentale pour l'histoire du Quaternaire. En dépendent les variations du niveau de la mer et des lacs, la répartition des zones de végétation, l'étendue des zones désertiques, la distribution de la microfaune marine et celle des mammifères terrestres. Les changements climatiques du globe sont étroitement liés aux variations des calottes glaciaires. L'étude des glaciers alpins (notamment leurs avancées et leurs reculs), initiée dès le xixe siècle, a permis de définir les périodes de glaciations du Donau (de — 2,1 à — 1,8 Ma), du Günz (— 1,2 Ma à — 700 000 ans), du Mindel (— 650 000 à — 350 000 ans), du Riss (— 300 000 à — 120 000 ans) et du Würm (Wisconsin aux États-Unis ; — 80 000 à — 10 000 ans), termes toujours utilisés par les quaternaristes. L'étude des derniers 2,6 Ma, âge correspondant à la transition magnétique de la période Gauss positive à celle de Matuyama négative de l'échelle magnétostratigraphique calibrée avec des âges radiochronologiques, s'appuie sur des travaux pluridisciplinaires à partir des très nombreuses archives sédimentaires continentales et marines, volcaniques, glaciaires, géomorphologiques, etc. Leur contenu paléontologique (notamment la microfaune et la microflore) et les mesures géochimiques tels les isotopes stables de l'oxygène renseignent sur le climat passé, sur les changements de l'environnement, sur l'évolution des faunes et flores et sur l'action de l'homme avec l'apparition de l'agriculture dont l'âge diffère selon les continents.
L' âge des séries pléistocènes et holocènes est fondée sur des mesures de plus en plus précises obtenues par des méthodes radiochronologiques (spectromètre de masse, accélérateur de particules, etc.) et paléomagnétiques. La biostratigraphie, utilisant les fossiles, permet, quant à elle, d'établir des corrélations entre les différentes séries sédimentaires fossilifères.
Les facteurs internes (noyau, manteau) et externes (cycles astronomiques dits de Milankovitch et, leur corollaire, les fluctuations du rayonnement[...]
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Écrit par
- Maurice TAÏEB : docteur ès sciences, directeur de recherche émérite au CNRS, professeur de géologie à l'université d'Aix-Marseille-II
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